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Des députés européens ont fait part de leurs inquiétudes concernant l’accord d’investissement historique de l’UE avec la Chine, en raison de ses violations des droits de l’Homme et l’effet négatif sur relations avec la nouvelle administration Biden.

  • Conclu dans les derniers jours de décembre, après des concessions de dernière minute de la part du premier ministre chinois Xi Jinping, l’accord d’investissement UE-Chine vise à libéraliser et rééquilibrer les échanges entre Pékin et les 27.

  • Cependant le Parlement européen, qui doit encore l’approuver, est de plus en plus critique, compte tenu du bilan de la Chine en matière de droits fondamentaux, des allégations de camps de travail forcé et de la répression à Hong Kong qui a commencé l’année dernière.

  • Le député européen Raphaël Glucksmann (FR-S&D), président de la commission spéciale du Parlement européen sur l’ingérence étrangère, a critiqué l’accord dans une interview.

  • Il souligne en particulier le rôle ambivalent de la « présidence allemande [qui] a montré la volonté de conclure cet accord très rapidement avant la fin de son mandat de six mois car les intérêts en jeu étaient énormes, notamment ceux des grandes entreprises allemandes ».

  • Pourtant, cette semaine, la fédération des industries allemandes a averti que les avantages de l’Accord ne sont pas aussi évidents que d’aucuns prétendent ; aucun progrès décisif dans l’accès au marché ne pourrait être constaté dans les domaines qui sont particulièrement importants pour l’industrie allemande.

  • De plus, jeudi, la chambre de commerce de l’UE en Chine a publié un rapport avertissant que les entreprises européennes en Chine sont confrontées à une incertitude croissante et à des coûts plus élevés alors que les tensions entre les États-Unis et la Chine s’accentuent. Le rapport décrit une perspective pessimiste malgré l’accord.

  • Enfin, Kurt Campbell, président et directeur général du Asia Group et ancien secrétaire d’État adjoint américain aux affaires de l’Asie de l’Est et du Pacifique et Rush Doshi directeur de l’Initiative stratégique pour la Chine de la Brookings Institution, considèrent dans Foreign Affairs que l’accord fragilise la position de l’UE dans l’Indopacifique.

  • Outre le défi transatlantique, le rôle de premier plan joué par l’Allemagne et la France dans la négociation de l’accord a mis à rude épreuve la cohésion de l’UE. Les avantages pour les entreprises semblent également de plus en plus douteux.

  • Un rapport de l’Institut Montaigne critiquant l’accord conclut ainsi ” il y a trois victoires pour la Chine. ”

  • La première consiste à obtenir un engagement implicite contre le découplage économique en limitant les motifs sur lesquels peuvent se fonder les restrictions des IDE chinois en Europe.

  • En termes de diplomatie publique, la Chine sépare l’UE des États-Unis – même.

  • Et enfin, la Chine peut s’appuyer sur les affirmations de l’Europe qui prétend avoir fait progresser ses valeurs tout en échappant à l’application de la loi et aux recours sur les questions qui sont au cœur des débats publics actuels – l’environnement et le travail.