La sécheresse de cet été et les conséquences du nouveau régime climatique mettent sous pression le modèle agricole productiviste, industrialisé et mercantiliste européen, déjà secoué par les ruptures de chaines d’approvisionnement mondialisées aux moments de la pandémie puis de la guerre dans le grenier à blé ukrainien. Dans une tribune au Monde, l’eurodéputé Benoît Biteau (FR-Verts) et les chercheurs et journalistes Juliette Duquesne, Thierry Ruf et Julie Trottier plaident pour une refonte du modèle agricole.
- Ils dénoncent la priorité choisie après la Seconde Guerre mondiale d’une expansion continue des terres irriguées et la dépendance croissante à l’égard des prélèvements d’eau dans les nappes phréatiques.
- Ils affirment que cette augmentation ne peut pas être expliquée par la croissance démographique, car les prélèvements d’eau augmentent plus de deux fois plus vite que la croissance démographique. Citant les recherches de la FAO sur la sécurité alimentaire, ils rappellent que 80% de la population mondiale est nourrie par l’exploitation et l’agriculture locales, qui n’occupent que 12% des terres agricoles.
- Ils constatent un triplement, entre 1970 et 2000, de la surface des terres irriguées et une augmentation supplémentaire de 14 % entre 2010 et 2020 en France
- Ils estiment que le basculement vers l’agroécologie est devenu impératif et doit comporter des méthodes permettant de préserver les ressources en eau, d’éviter les pesticides et les engrais chimiques.
- Ils citent l’exemple de Sablonceaux, en France, où ces méthodes ont prouvé leur efficacité avec des capacités de rétention d’eau entre 5 fois et 10 fois plus élevées que les autres champs.
- Selon Gilles Billen, ces méthodes permettraient de nourrir l’Europe de manière neutre en termes de carbone si la consommation de viande était réduite de 50 % et si l’approvisionnement local des produits était privilégié.