POWER PLANTE

Entre une prospérité garantie par le gaz russe et une sécurité assurée par les États Unis, à mesure que l’offre énergétique russe s’éteint, la nécessité de trouver d’autres sources de prospérité se fait sentir.

  • Olivier Schmitt, professeur au Center for War Studies reformule le découplage politique et énergétique de la Russie et de l’Europe.
    • Selon cette analyse, « l’’idée « d’autonomie stratégique européenne » est morte pour les 10 prochaines années” et par conséquent, la réponse sécuritaire à la plus grande menace sur la sécurité européenne depuis la fin de la Guerre Froide est fournie par les États Unis – la France et Allemagne ayant pris du retard dans la gestion de la menace russe.
    • En outre, la normalisation des partis d’extrême droite présente une forte menace de cohésion pour les démocraties occidentales, tout particulièrement en Europe centrale et orientale.
  • Ces difficultés structurelles se prononcent de manière flagrante dans les pays candidats de l’UE qui sont très dépendants des ressources énergétiques Russe :
    • Gazprom annonce à la Moldavie qu’elle n’assurerait que 70% de ses livraisons
    • La Moldavie dépend à 100% du gaz russe et ne peut pas se permettre d’un point de vue financier d’acheter sur les marchés européens pour compenser.
      • Maia Sandu, présidente de la République moldave explique que : « Le problème énergétique est désormais un problème existentiel pour notre pays ».
      • Le gaz a déjà vécu une augmentation de 700% en un an pour les consommateurs, ce qui contraste avec le salaire mensuel minimum moldave de 180 euros.

  • Ceci s’ajoute aux  réticences croissantes des États-Unis à dépenser autant d’argent pour la Guerre en Ukraine.
    • Dans cette analyse pour le ECFR, Jeremy Shapiro prône une plus grande autonomie stratégique de l’UE en matière sécuritaire étant donné que les élections midterm américaines pourraient annoncer une potentielle coupure financière dans les soutiens militaires

Sur le front de la prospérité, justement, les commissaires européens Thierry Breton et Paolo Gentiloni s’inquiètent du plan de 200 milliards d’euros annoncé par l’Allemagne pour soutenir son économie.

  • Ils estiment que tous les pays européens ne peuvent pas disposer du même dispositif en raison d’un niveau de dette publique plus élevé.
    • Ce différentiel de dette s’explique par les investissements dans la défense qui profitent à toute l’Europe mais aussi par les sous-investissements, ciblés, dans l’énergie qui eux pénalisent l’Union dans son ensemble par manque de cohérence alors qu’elle est plus que jamais nécessaire.
    • Selon eux, il faut éviter de fragmenter le marché intérieur.
      • Ce qui signifie d’abord de s’attaquer aux coûts de l’énergie qui affectent très lourdement les ménages et les entreprises dans tous les États membres.
      • Puis, de poursuivre les efforts coordonnés pour aider les entreprises à préserver leur compétitivité et les emplois.
    • Dans tous les cas, s’en tenir à la dette financière apparente serait injuste.
      • En effet, les 27 cherchent à mobiliser des ressources en faisant appel à l’endettement pour faire face au choc symétrique des prix de l’énergie.
      • Et les investissements pour la dimension européenne comme la défense ne devraient pas être comptabilisés comme nationaux.
      • Il faut donc établir des moyens de soutien équitables : c’est à dire l’Europe solidaire.
  • Les commissaires proposent de réfléchir à des instruments mutualisés au niveau européen et surtout, considèrent que la réponse budgétaire de la BCE est cruciale.
    • S’inspirer du mécanisme ‘Sure’ pour aider les Européens et les écosystèmes industriels dans la crise actuelle pourrait-être une solution à court terme ouvrant la voie à un premier pas vers une offre de « bien public européen » dans les secteurs de l’énergie et de la sécurité, seule voix pour apporter une réponse systémique à la crise.