Depuis 2004, les manifestations de l’euroscepticisme néerlandais se sont toujours cristallisées sur l’élargissement.
- Comme en France au référendum de 2005 – l’autre pays du Non – la concurrence des travailleurs d’Europe centrale avait joué un rôle crucial dans le rejet du Traité établissant une Constitution pour l’Europe.
- Ceci a pu stimuler par la suite l’extrême droite xénophobe de Geert Wilders, jusqu’à un nouveau référendum négatif contre l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine en 2016.
- La méfiance à l’égard de la périphérie de l’UE avait aussi éclaté dans l’intransigeance à l’égard des pays du Sud et se poursuit depuis.
- Ainsi, l’élargissement de l’espace Schengen de libre circulation européenne, ne suscite pas grand enthousiasme, malgré sa conformité aux conditions d’entrée et la légitimité de sa demande.
- Le 18 octobre, le Parlement européen avait majoritairement voté pour la fin d’une « discrimination contre la Bulgarie et la Roumanie » dans leur adhésion à l’espace Schengen.
- Mais le 20 octobre, le Parlement néerlandais s’est opposé à cette adhésion arguant du danger que représenteraient ces deux pays où la corruption et le crime organisé restent endémiques et l’État de droit fragile, selon le gouvernement de Mark Rutte.
- Le problème ici tient à l’opposition entre critères d’admission – que l’on peut qualifier d’objectifs – retenus par les députés européens et opportunités politiques – fort probablement subjectives -. Plusieurs questions se posent :
- Si la Bulgarie et la Roumanie n’offrent pas encore assez de garanties, peut-être que les critères retenus par le Parlement européen ne sont pas assez stricts ?
- Le gouvernement Rutte et les élus impliqués dans cette décision devraient plutôt proposer des critères plus exigeants, ils en ont la compétence.
- L’objectif de ces refus est-il vraiment de manifester un rejet de ces deux États membres de l’UE ?
- Est-ce un désaveu de leurs gouvernants ? de leur sécurité intérieure ? Dans ce dernier cas, pourquoi ne pas renforcer la coopération en la matière ?
- Une opportunité de manifester sa supériorité ? de faire preuve d’une certaine unité nationale ? ou politicienne ?
- Il convient de ne pas oublier que les États candidats et dernièrement entrés dans l’UE sont – actuellement – à la fois le meilleur observatoire et la meilleure porte d’entrée des opposants à la construction européenne.
- À l’heure de la grande remise en question du caractère fédérateur de l’Europe, même dans ce qu’elle a de plus sympathique, ces questions doivent rapidement trouver une réponse claire et coordonnée.
- Si la Bulgarie et la Roumanie n’offrent pas encore assez de garanties, peut-être que les critères retenus par le Parlement européen ne sont pas assez stricts ?