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Pour l’UE, la vulnérabilité en matière de terres rares n’est plus tenable, d’où le plan RESourceEU construit sur trois leviers que sont le recyclage, la production et la diversification.  

  • Premier axe : l’économie circulaire. Pour comprendre l’état de l’art du recyclage des matières premières critiques en Europe, nous allons procéder à une brève analyse de cas : celle de la filière des batteries lithium-ion, assez symptomatique de l’état du recyclage industriel sur le vieux continent.   
  • L’idée semble simple : transformer les batteries en fin de vie en une nouvelle source de métaux critiques pour l’industrie européenne mais la réalité industrielle dément l’ambition politique.  
  • La faillite de Northvolt (V. ES janvier, octobre et novembre 2024), champion suédois de la batterie, après celle de Britishvolt en 2023, illustre les fragilités d’une filière qui peine à structurer.  

 

  • Les premières batteries produites massivement ne reviendront en fin de vie qu’à partir de 2035, laissant d’ici là un manque de matière à recycler. 
  • Les usines actuelles tournent avec les seuls rebuts de fabrication, bien trop faibles pour rentrer dans leurs coûts.  
  • Le déficit de gigafactories en Europe aggrave le problème. En effet nous sommes dans un cercle vicieux : sans production, pas de rebuts ; sans rebuts, pas de recyclage ; et sans recyclage, pas de boucle industrielle complète.  
  • À cela s’ajoute un handicap compétitif : en Asie, le raffinage et le recyclage coûtent bien moins cher, portés par une énergie à bas prix, une technologie mature et des écosystèmes pleinement intégrés.  
  • Enfin, le basculement technologique du nickel-cobalt-manganèse (NMC) vers le lithium-fer-phosphate (LFP) crée une incertitude supplémentaire : les LFP, moins riches en métaux précieux, ont une valeur de recyclage bien inférieure, décourageant les investissements dans une filière déjà fragile.  
  • Ainsi, la majorité de la black mass produite en Europe est exportée vers la Chine ou la Corée, où elle est raffinée avant de réintégrer les chaînes de valeur européennes. 

 

  • Le CRMA fixait déjà un cap clair avec l’objectif d’extraire 10 % des besoins européens sur le territoire de l’Union, transformer 40 % et recycler 25 % d’ici 2030. 
  • En 2024, Bruxelles a identifié 47 projets stratégiques dans treize États membres, dont la France. Ils couvriront l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’exploration au recyclage en passant par le raffinage et la recherche de substitution, avec des soutiens financiers et administratifs. 
  • RESourceEU promet d’accélérer le mouvement avec un centre d’achat et de stockage commun, inspiré du modèle japonais, pour mutualiser les besoins et sécuriser les approvisionnements. 

 

  • L’Union veut multiplier les accords avec des partenaires comme l’Ukraine, le Canada, l’Australie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Chili ou le Groenland.  
  • L’objectif est de réduire l’exposition à un fournisseur unique et stabiliser les prix.  
  • Ces partenariats devront respecter des critères stricts de durabilité, de traçabilité et de transparence, pour éviter un simple déplacement des dépendances. 
  • Or, la tension monte car Pékin a de nouveau restreint ses exportations de terres rares.  
  • Les chefs d’État et de gouvernement réunis fin octobre ont ainsi exhorté la Commission à “utiliser efficacement tous les instruments économiques de l’Union”. 

Face à la coercition de Pékin, l’Europe découvre que pour ne pas se faire miner sa puissance, il lui faudra apprendre à miner elle-même.