MIRANA 

Comme le soulignent les observateurs assidus, tel Eurointelligence.com la grande crise existentielle de ce tiers de siècle pour l’économie européenne prend la forme d’un étau. D’un côté, une force imparable, et de l’autre, un obstacle infranchissable. L’obstacle infranchissable, ce sont les droits de douane imposés par l’administration Trump. Mais c’est la force imparable qui pourrait être la véritable source d’inquiétude. La Chine joue le jeu mercantiliste industriel européen, mais à une échelle plus massive et plus ciblée (ES 6/10/25). 

  • Les mesures protectionnistes proposées par la Commission ont pour objectif de sécuriser environ 300 000 emplois dans le secteur et de soutenir les grands producteurs dans leurs investissements, notamment pour la décarbonation de leurs sites. 
  • ArcelorMittal a suspendu certains projets de réduction de carbone et annoncé la suppression de 600 postes dans le nord de la France, attendant que la Commission mette en place le nouveau cadre. 
  • Le surcoût estimé pour les consommateurs reste modéré : environ 50 € supplémentaires pour une voiture et 1 € pour une machine à laver. 
  • La Commission accompagne ce plan d’autres initiatives : réforme des marchés publics pour favoriser l’acier européen, création d’un label pour l’acier bas carbone, plan de soutien à l’industrie automobile et modification du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières pour éviter les contournements. 
  • Avec le soutien attendu de pays comme la France, l’Italie, l’Espagne et la Pologne, tandis que l’Allemagne observe encore l’impact potentiel sur ses constructeurs automobiles. 

 

  • Si ces mesures offrent un répit aux sidérurgistes et constituent un outil important pour faire face à la surcapacité mondiale, elles ne suffisent pas à résoudre tous les problèmes structurels du secteur. 
  • Selon de nombreux économistes, les dirigeants politiques ont tendance à attribuer trop facilement les difficultés industrielles à la surcapacité, sans prendre en compte d’autres problèmes structurels, et le secteur de l’acier ne fait pas exception. 
  • Les coûts élevés de l’énergie constituent un enjeu tout aussi crucial :  
  • les procédés de production décarbonés demandent généralement beaucoup plus d’électricité que les méthodes traditionnelles.  
  • Ainsi, produire de l’acier vert nécessite en moyenne trois à quatre fois plus d’électricité qu’avec des hauts fourneaux classiques, tandis que la fabrication de ciment durable en requiert au moins deux fois plus. 
  • En 2024, le prix de l’électricité dans l’UE était 2,2 fois supérieur à celui des États-Unis et deux fois plus élevé qu’en Chine, en raison de la dépendance aux combustibles fossiles importés, des lacunes dans les infrastructures électriques et du poids des taxes et redevances. 
  • Ces coûts représentent un frein important à la compétitivité industrielle et doivent être abordés parallèlement aux mesures de protection commerciale. 

 

  • La décarbonation exige également des investissements coûteux, mais le capital disponible est limité par la surcapacité mondiale qui pèse sur les prix et par la fragmentation du système financier européen. 
  • Selon Anna Crawford, chercheuse au European Policy Centre (EPC) à Bruxelles, les mesures protectionnistes de l’UE peuvent libérer des ressources pour la transition écologique. 
  • Cependant, elles resteront insuffisantes si les problèmes structurels liés à l’énergie et au financement ne sont pas résolus. 
  • Ainsi, la Commission européenne cherche à concilier protection du marché, souveraineté industrielle et transition écologique tout en assurant la compétitivité et la pérennité d’un secteur clé pour l’économie européenne (ES 6/10/25).