GATT CHA 

Tirant les leçons du COVID, de la guerre en Ukraine et du retour de Trump, l’Union européenne semble intensifier sa politique de libre-échange en multipliant les accords commerciaux avec des partenaires stratégiques à travers le monde. L’objectif est clair : sécuriser ses chaînes d’approvisionnement, réduire sa dépendance à certains marchés et renforcer son autonomie dans un contexte international marqué par le protectionnisme, en particulier de la part des États-Unis. Ces accords, qu’ils concernent le Mercosurl’Indonésie, la Thaïlande, l’Inde ou le Maroc, ne se limitent pas à des enjeux économiques.  

  • Ils portent également sur la géopolitique, la protection de l’environnement et la souveraineté, reflétant la complexité et l’interdépendance des relations commerciales internationales.  
  • Le commerce est aussi un enjeu géopolitique majeur : l’Union européenne se trouve à un tournant stratégique. 
  • Ses accords commerciaux ne sont plus seulement des leviers de croissance économique, mais des instruments pour promouvoir ses valeurs, protéger ses producteurs, préserver l’environnement et affirmer son rôle et son influence dans l’ordre mondial. 

 

  • L’accord UE-Mercosur, conclu en principe en décembre 2024 après près de 25 ans de négociations, prévoit la suppression progressive des droits de douane entre l’Europe et le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay (ES 24/11/24). 
  • Malgré ces mesures, les syndicats agricoles, tels que la FNSEA et la Confédération paysanne, considèrent ces protections insuffisantes et contestent la procédure de ratification qui pourrait contourner les parlements nationaux. 
  • l’accord est critiqué pour le risque qu’il favorise la déforestation en Amazonie, liée à l’élevage intensif et aux cultures destinées à l’exportation. 
  • Il y a enfin le volet institutionnel, puisque la validation du texte par les 27 suppose aussi que soit dépassée la minorité de blocage organisée par la France, avec le soutien de l’Italie et de la Pologne.  

 

  • Comme l’analyse Contexte, Ursula von der Leyen tout en refusant toute renégociation a cherché à rassurer les États membres, notamment la France, grâce à des clauses de sauvegarde renforcées et un engagement politique pour protéger les filières agricoles sensibles.  
  • L’accord est scindé en deux volets :  
  • un accord commercial intérimaire, ratifiable à la majorité qualifiée,  
  • et un accord global soumis aux parlements nationaux.  
  • Malgré ces garanties, la « minorité de blocage » menée par Paris et Varsovie persiste, dénonçant les risques environnementaux et sociaux du texte.