La fast-fashion, en particulier, sous les nouveaux pavillons chinois des distributeurs en ligne Shein et Temu, est devenue un point de focalisation de nos contradictions socio-économiques.
- Elle surconsomme les ressources : en 2020, chaque Européen a consommé en moyenne 9 m³ d’eau, 400 m² de terrain et 391 kg de matières premières pour ses vêtements et chaussures.
- Elle génère environ 270 kg de CO₂ par personne en 2020, soit un total de 121 millions de tonnes.
- Elle pollue l’eau : la production textile est responsable d’environ 20 % de la pollution mondiale de l’eau potable, principalement due aux teintures et autres produits chimiques.
- Ses tissus contribuent à plus de 500 000 tonnes de microplastiques déversées dans les océans chaque année (tous ces chiffres proviennent du Parlement européen)…
- Et pourtant ses chiffres de croissance sont spectaculaires.
- Le marché mondial de la « fast fashion », « qui pèse déjà près de 200 milliards d’euros en 2022, devrait franchir la barre des 250 milliards d’euros d’ici 2028.
- Soit une croissance annuelle d’environ 3,8 % sur la période », note le Boston Consulting Group, s’appuyant sur une étude The Global Fashion Market (2022-2028) et Statista.
- Sur le plan social, elle repose sur des chaînes d’approvisionnement à bas coût.
- Marquées par des conditions de travail précaires, des salaires insuffisants et un non-respect des droits fondamentaux des travailleurs, notamment dans les pays en développement.
- Le modèle est donc à la fois polluant et injuste.
- Le texte voté par le Parlement sur le gaspillage introduit également des mesures pour le secteur textile, désormais intégré à la législation européenne sur les déchets.
- Dans une logique de pollueur-payeur, les producteurs et distributeurs devront financer la collecte, le tri et le recyclage des vêtements et produits textiles qu’ils commercialisent.
- Ces régimes de responsabilité élargie du producteur (REP) devront être instaurés dans les trente mois suivant l’entrée en vigueur de la directive.
- Tous les acteurs du marché seront concernés, y compris ceux opérant en ligne depuis l’étranger, tandis que les micro-entreprises disposeront d’un délai supplémentaire d’un an.
- L’objectif est d’inciter les marques à concevoir des vêtements plus durables, réparables et recyclables, et de lutter contre le modèle de la fast fashion qui alimente la surconsommation et la pollution.
- L’Union européenne souligne l’impact environnemental du secteur : « la fabrication d’un t-shirt en coton nécessite 2 700 litres d’eau douce », soit « de quoi couvrir les besoins en eau potable d’une personne pendant deux ans et demi ».
- Des marques comme Shein, symbole de cette production à bas coût, sont particulièrement dans le viseur.
- Bien qu’elle s’en défende, la plateforme chinoise est souvent considérée comme « un emblème des dérives sociales et environnementales de cette mode ».
- En parallèle, la Commission européenne a ouvert une enquête contre Shein, soupçonnée de « lutter insuffisamment contre la vente de produits illégaux, non respectueux des normes européennes ».
- Bruxelles envisage aussi de freiner l’afflux massif de colis à bas prix, notamment en provenance de la Chine, en instaurant une taxe de deux euros par colis.
- En 2024, 4,6 milliards de colis sont ainsi entrés sur le territoire européen, dont 91% provenaient de Chine.
- Les États membres auront 20 mois pour transposer cette loi dans leur droit national.
- Chaque année, près de 60 millions de tonnes de nourriture et 12,6 millions de tonnes de déchets textiles sont gaspillées dans l’UE, illustrant l’urgence d’un tel texte.
- En imposant de nouvelles règles et en responsabilisant les producteurs, le Parlement européen espère amorcer une véritable transition vers une économie circulaire, durable et solidaire.