Cette dynamique se retrouve également sur le marché de l’acier. Bruxelles s’apprête à durcir sa clause de sauvegarde pour protéger la production européenne face aux surcapacités chinoises et à la concurrence à bas prix. Le dispositif de 2018, qui autorisait 15% d’importations sans taxe et imposait 25% au-delà, pourrait être renforcé avec une surtaxe portée à 50% et une réduction de moitié du quota d’importation libre de droits.
- Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission européenne, présente cette mesure comme la plus robuste jamais proposée.
- La production européenne a chuté de 156 à moins de 130 millions de tonnes en sept ans, tandis que les importations dépassent désormais un cinquième de la consommation.
- Selon les analystes, des droits de douane portés à 50% pourraient augmenter la production européenne de 10% et faire remonter les prix.
- ArcelorMittal, ThyssenKrupp et d’autres sidérurgistes voient leurs marges s’effondrer et leurs investissements retardés, alors que la réduction des émissions dans les usines reste un impératif.
- Face à la double pression des importations chinoises massives et des coûts élevés, l’Union européenne cherche à renforcer ses instruments de défense commerciale.
- Elle utilise plus résolument les droits compensateurs et les restrictions aux marchés publics, et réfléchit à une préférence européenne pour les aides publiques et les investissements stratégiques.
- Jens Eskelund conseille aux gouvernements d’envisager des alternatives lorsqu’une source d’approvisionnement clé se tarit, tout en maintenant le dialogue avec Pékin pour protéger les intérêts économiques européens.
- L’enjeu est crucial, car la dépendance aux produits chinois et les déséquilibres commerciaux persistants, avec un déficit de 305,8 milliards d’euros en 2024, constituent un véritable défi pour le continent, selon Mario Draghi.
- Le marché des terres rares illustre la dépendance stratégique de l’Europe.
- La Chine domine encore le raffinage à hauteur de 80% de la production mondiale, même si l’extraction se diversifie aux États-Unis, en Australie et en Europe.
- Guillaume Pitron, spécialiste de la géopolitique des terres rares, explique que ce contrôle reste un levier stratégique pour Pékin dans ses négociations internationales, notamment face aux États-Unis.
- Le G7 envisage d’instaurer un prix plancher pour soutenir la production européenne, mais la mise en œuvre semble difficile face à l’inflexibilité chinoise.
- Ainsi, l’Europe fait face à un contexte complexe :
- une Chine en position de force,
- des marchés américains partiellement fermés,
- des flux industriels massifs vers le Vieux Continent
- et des industries locales fragilisées.
Les mesures européennes se renforcent progressivement mais la coordination et la rapidité restent déterminantes pour éviter un nouveau choc industriel sur le continent.