La reconnaissance de la Palestine comme un Etat souverain peut-elle faire basculer la politique de l’UE vis-à-vis d’Israel? C’est le pari de la diplomatie française, à la suite de l’Espagne ou l’Irlande. A l’échelle des Etats membres, il y’a donc une accélération de la diplomatie de la reconnaissance.
- La France a annoncé qu’elle formaliserait, à New York, la reconnaissance de la Palestine aux côtés d’un groupe de pays (Royaume-Uni, Canada, Australie, Belgique, Portugal, Malte, etc.).
- L’objectif affiché n’est pas de « récompenser » le Hamas, comme le dénoncent les opposants à ce geste, mais de réancrer la solution à deux États dans une trajectoire opérationnelle.
- L’idée est d’obtenir quelques contreparties :
- promesse d’élections générales côté Autorité palestinienne, réformes de gouvernance, arrêt de certains versements controversés.
- En parallèle, une campagne de soutien financier est discutée pour éviter l’effondrement budgétaire de Ramallah, alors qu’Israël retient des recettes fiscales.
- Un objectif d’environ 200 millions de dollars sur six mois a été fixé.
- Les débats intérieurs en Europe mettent en lumière un vrai décalage entre l’opinion publique et les choix des gouvernements.
- Eurointelligence (19/09) analyse les effets domestiques de la position de Pedro Sánchez, très critique vis-à-vis d’Israël, allant jusqu’à demander l’exclusion d’équipes israéliennes de compétitions sportives.
- C’est une position en phase avec une opinion publique où 82 % des sondés parlent de « génocide » (Real Instituto Elcano).
- En face, Alberto Núñez Feijóo (PP) tente un numéro d’équilibriste : compatissant envers les Palestiniens et dénonçant certains crimes de guerre, mais opposé aux blocages et manifestations.
- Sa position médiane est fragilisée par la pression de figures de son camp, comme Isabel Díaz Ayuso et José María Aznar, plus radicales.
- Résultat : l’espace du centre se réduit et l’extrême-droite de Vox, très alignée sur Israël, profite du mécontentement.
- Une polarisation qui fabrique des impasses.
- Le pari de la reconnaissance est de réouvrir les options politiques.
- Vingt ans après le retrait Israélien de Gaza, présenté comme un pas vers la paix, les analyses convergent :
- l’unilatéralisme sans transfert de souveraineté ni réciprocité nourrit le cycle sièges-ripostes et affaiblit les modérés.
- De ce constat naît l’exigence d’une reconnaissance s’accompagnant d’une résolution du Conseil de sécurité avec :
- des étapes vérifiables (évacuation de colonies ciblées, transferts de terres), un transfert effectif de compétences (contrôle des frontières, du ciel et des ressources),
- une conditionnalité européenne liée à la colonisation, financement d’urgence sous gouvernance réformée et légitime côté palestinien, et cadre de sécurité régional crédible.
- Sans ces garde-fous, l’UE répéterait les erreurs passées.
- Le secrétaire général de l’ONU appelle à ne pas se laisser intimider par les menaces de représailles et à maintenir un cap fondé sur le droit.
- L’Europe, elle, se doit d’articuler valeurs et instruments.
- Si la reconnaissance fixe le cap, les tarifs, sanctions ciblées, conditionnalités, et garanties de sécurité sont autant de nécessités si l’UE souhaite réellement agir et c’est à cette aune que se mesurera, dans les prochaines semaines, la crédibilité de l’UE comme puissance de paix.