GOGUETTE 

Derrière l’annonce de l’amende Google qui prétend à la démonstration de force depuis quelques années déjà, l’examen du timing révèle surtout une fragilité politique : la publication de la décision a été retardée face aux menaces explicites du président américain de représailles commerciales si Bruxelles frappait un champion de la Silicon Valley.  

  • Cette prudence illustre la tension croissante entre l’ambition européenne d’affirmer une souveraineté numérique et le risque de guerre commerciale transatlantique. 
  • L’application des règles contre les acteurs de la Tech américaine peut donc basculer en incident diplomatique.  

 

  • Sur le plan juridique, Bruxelles innove à mi-chemin : 
  • Une sanction pécuniaire lourde mais absorbable pour Google, dont les revenus publicitaires dépassent 200 milliards $ annuels. 
  • Google doit, de surcroît, corriger ses pratiques rapidement, sous peine de remèdes structurels, renvoyant à l’éventualité d’une séparation forcée de ses activités publicitaires. 
  • Après les précédents Android et Search, ce dossier Adtech se situe au cœur du modèle économique de Google.  
  • Les observateurs rappellent toutefois que sans démantèlement ou obligations fermes d’accès non-discriminatoire, le risque est que Google ajuste à la marge, multiplie les recours judiciaires et poursuive ses pratiques sous d’autres formes. 
  • Au fond, l’Europe joue une partie à double front où se mêlent Etat de droit et équilibres géopolitiques. 

 

  • En interne, en consolidant son rôle de gendarme du numérique avec des outils antitrust et le DMA, l’Union crédibilise sa capacité à contrôler des acteurs globaux. Comme la décision qui affecte Zalando.  
  • Cette décision souligne que même les distributeurs hybrides doivent se conformer aux règles strictes de modération des contenus illégaux et nuisibles.  
  • Elle marque un signal fort de la part des régulateurs européens, déterminés à appliquer les exigences du DSA à l’ensemble des acteurs du marché. 

 

  • Sur sa façade externe, en affrontant la réalité géopolitique d’une Amérique prête à protéger ses champions technologiques comme des actifs stratégiques, Bruxelles affirme son autonomie. 
  • En sanctionnant Google, mais en temporisant face aux pressions de Washington, elle révèle toutefois la fragilité de cet équilibre.