C’est dans le soi-disant “désert numérique” de l’UE qu’en moins de deux ans, Mistral AI est devenue la start-up la mieux valorisée d’Europe dans le domaine de l’intelligence artificielle, avec 11,7 milliards d’euros après une levée de fonds record de 1,7 milliard. Derrière ce succès se cache l’entreprise néerlandaise ASML, géant mondial des machines de lithographie pour semi-conducteurs, qui a injecté 1,3 milliard et s’offre 11 % ainsi du capital. L’opération dépasse la simple logique financière car elle soulève la question de la souveraineté numérique européenne. “Un bond de géant pour l’Europe de l’IA” commentait Pierre Haski dans son édito géopolitique du 9/9.
- Fondée en 1984 comme spin-off de Philips, ASML a failli disparaître avant de se hisser au rang de fournisseur unique d’une technologie critique : la lithographie extrême ultraviolet (EUV), qui permet de graver les microprocesseurs les plus avancés.
- Ces machines, vendues près de 300 millions de dollars pièce, sont indispensables aux géants comme TSMC, Intel ou Samsung.
- Avec une capitalisation boursière supérieure à 250 milliards, ASML incarne le rare exemple d’un champion européen capable de tenir tête aux mastodontes américains et asiatiques.
- Que ce groupe choisisse d’investir massivement dans une start-up française n’est donc pas anodin.
- Pour les observateurs, cet accord est porteur d’au moins trois messages.
- D’abord, il démontre qu’il existe une alternative aux financements nord-américains, traditionnellement dominants dans l’IA.
- Jusqu’ici, Mistral avait dû s’adosser à des fonds américains et du Golfe.
- Cette fois, un acteur européen s’impose comme partenaire de référence.
- Ensuite, il conforte Mistral dans sa trajectoire : spécialisée dans les modèles d’IA pour entreprises, la société a déjà séduit Orange, BNP Paribas ou CMA CGM.
- Le chatbot ne représente ainsi que 10% du chiffre d’affaire de l’entreprise.
- La Tribune offre une série d’articles intéressants sur cette dynamique.
- Enfin, il envoie un signal politique : dans un contexte de tensions sino-américaines et de retour du protectionnisme, les industriels européens cherchent à ne pas rester spectatrice de la bataille technologique.
- Outre-Atlantique on ne s’y trompe pas et on analyse ce rapprochement comme le symbole que les frictions entre l’administration Trump et l’UE ont bel et bien modifié l’état d’esprit des Européens .