Le 30 juin 2025, la Pologne abandonne la présidence du Conseil sur un bilan que ses pairs considèrent comme réussi. En six mois, 37 textes législatifs ont été adoptés, illustrant une présidence jugée efficace et engagée. Sous la devise « Sécurité, Europe ! » (EIH 16/12/24), on n’y aura guère parlé d’Europe sociale, ni de culture et assez peu de démocratie ou d’Etat de droit. Encore moins d’environnement et de Green Deal, remis en cause sous la pression des dernières élections et du revirement de la droite européenne (PPE) à laquelle appartient le gouvernement polonais de Donald Tusk.
- Cette présidence s’est distinguée par des avancées concrètes en matière de défense, d’élargissement et de résilience stratégique.
- Varsovie a obtenu un accord historique de 150 milliards d’euros pour l’industrie de défense européenne (programme SAFE).
- Elle a aussi renforcé la protection du flanc Est via l’initiative « Shield East ».
- Et a piloté un 18e paquet de sanctions contre la Russie, notamment contre sa flotte fantôme.
- Sur le plan énergétique, la présidence a accéléré la fin des importations russes d’ici 2027 et soutenu l’intégration énergétique des États baltes.
- Elle a également facilité une réforme majeure du secteur pharmaceutique.
- Et promu des initiatives sur la santé mentale des jeunes ainsi que la souveraineté numérique en santé.
- Côté élargissement, la Pologne a ravivé les négociations avec l’Ukraine, la Moldavie et les Balkans,.
- Ceci, tout en maintenant une ligne dure face à la Russie et au Belarus.
- La Pologne passe la main le 1er juillet 2025 au Danemark, l’un des trois Etats membres encore gouvernés par la gauche sociale-démocrate.
- La Première ministre, Mette Frederiksen, a dévoilé les priorités de sa présidence :
- elles remettront la question de l’environnement et du social à l’agenda européen,
- par un pays où l’âge de la retraite passera à 70 ans en 2040).
- Deux grands piliers, résume le SGAE :
- une Europe verte et compétitive pour concilier transition énergétique et compétitivité économique ;
- et bien sûr, « une Europe sûre », entre autonomie stratégique, défense et résilience démocratique.
- Sur le plan économique, l’accent est mis sur « la simplification réglementaire » :
- un marché unique plus efficace, ainsi que le soutien à la transition verte via :
- les transports, l’énergie propre, l’agriculture durable et la recherche & innovation.
- La présidence promeut aussi la souveraineté technologique numérique dans les télécommunications, la cybersécurité, l’IA et les infrastructures critiques.
- Elle vise enfin à renforcer la défense européenne, sécuriser les infrastructures critiques.
- Ceci s’accompagne de la promotion d’un « de-risking » économique plutôt qu’un découplage,
- Ainsi que de garantir l’indépendance énergétique, particulièrement vis‑à‑vis de la Russie.
- Sur la plupart de ces sujets, on notera une évolution notable de Copenhague.
- Les positions longtemps en marge de l’intégration européenne sur les sujets centraux (défense, budget, monnaie) sont remises en cause par le nouveau contexte stratégique (EIH 9/6/22),
- en particulier avec la pression trumpienne sur le Groenland (aussi EIH 13/1/25).