ENERCHINE

Pour toute l’inquiétude aggravée qu’il avait suscitée, le rapport Draghi l’avait souligné : les principaux gisements de compétitivité pour l’UE sont dans ses politiques de décarbonation et ses ambitions climatiques (EIH 16/9/24). Industrie verte, ou propre, c’est sur cette base que reposent les principaux atouts de l’UE. Mais même dans ce domaine, la compétition globale, et chinoise principalement, menace les rares leaderships européens, comme le démontre le secteur du photovoltaïque (EIH 15/7/24).

Obsédée par Trump qui menace son modèle économique mercantiliste fondé sur l’export, l’UE serait bien inspirée de se tourner vers l’Est.

En effet, la Chine rencontre les mêmes goulets d’étranglement énergétique que l’Europe.

Cependant, elle possède deux avantages fondamentaux :

l’accès à des ressources esentielles comme les terres rares,

et surtout un gouvernement qui pense sur le long terme.

Le premier numéro de GREEN du GEG avait fait le point sur le sérieux de l’engagement chinois en matière de transition énergétique.

La Chine a surtout fait de sa transition énergétique un enjeu de puissance, impactant dès à présent l’économie mondiale et la souveraineté des Etats (y compris en Europe).

L’industrie photovoltaïque chinoise, dopée aux subventions publiques, représente en 2023 90% de la production mondiale et s’exporte très largement.

Ainsi l’industrie européenne est mise à mal, poussant certaines entreprises à fermer leurs usines :

concurrencé par la Chine, Systovi, l’un des derniers fabricants français, a dû cesser ses activités

En matière de souveraineté, SolarPower Europe – principale association de représentation d’intérêts de l’industrie du photovoltaïque – tire la sonnette d’alarme dans un rapport paru début mai 2025.

Le problème ? Les onduleurs, présents dans les systèmes photovoltaïques, sont souvent connectés à des serveurs étrangers comme ceux de fabricants chinois.

Ils pourraient être utilisés pour déstabiliser le réseau électrique.

L’organisation appelle à un encadrement strict de l’accès à distance et propose un « RGPD de l’énergie » pour sécuriser ces infrastructures critiques.

Pour l’instant, les efforts européens restent concentrés sur la défense de l’existant – l’industrie automobile européenne.

C’est cette adaptation rapide de l’offre qui a permis aux exportateurs chinois de vendre davantage.

L’UE tente ainsi de dissuader les constructeurs automobiles chinois d’envahir le marché européen.

Elle a imposé des droits de douane allant de 7,8 % à 35 % sur les véhicules électriques, en plus des droits d’importation standard de 10 % qu’elle prélève déjà sur tous les véhicules.

Question efficacité, le doute est permis, comme le rappellent les Echos.

Sur le marché des voitures entièrement électriques, la part de la Chine a en effet chuté de 12,4 % en juin 2024 à 7,7 % cette année en février.

Mais les producteurs chinois se sont rapidement adaptés à ces nouveaux tarifs, qui ne s’appliquent qu’aux modèles 100% électriques.

MG, Chery et BYD ont choisi de contourner le problème en proposant d’autres motorisations dans leurs catalogues, comme les hybrides rechargeables et les hybrides.

C’est pourquoi la Commission planche depuis avril sur une autre option : négocier l’introduction d’un système de prix minimum pour les véhicules importés de Chine.

De leur côté, certains équipementiers (français et italiens) poussent pour des seuils de pièces produites en Europe pour les voitures vendues dans le Marché unique.

Dans le contexte de la guerre des tarifs lancée par l’administration Trump, le repositionnement de l’UE vis à vis de Beijing apparaît comme crucial – c’est aussi cette perspective qui plane au-dessus de la tournée asiatique du président français cette semaine.