Même si notre imaginaire historique reste marqué par les capitulations sans condition, l’arasement de l’ennemi ou le sel jeté sur les ruines pour stériliser la terre carthaginoise, toutes les guerres ne se terminent pas toujours sur des victoires aussi nettes. Parfois, souvent, la fin des combats se conclut sur des accords de paix plus ou moins forcés, insatisfaisants, et des compromis difficiles à avaler.
- On reviendra plus tard sur les conséquences du deal sur les minerais passé le 30 avril entre Trump et Zelensky, mais deux choses sont pour le moment sûres :
- la première c’est que la résolution du conflit prend une direction couteuse pour Kyiv, mais probablement aussi pour Moscou ;
- la deuxième c’est que les terres rares sont plus que jamais au cœur des enjeux de pouvoir et de concurrence géopolitique.
- La compétition économique et technologique entre les grands pôles de puissance industrielle que sont la Chine, les États-Unis et l’Europe a une dimension écologique centrale.
- En menant sa transition énergétique, jusqu’en 2019, puis en l’accélérant à partir de la guerre en Ukraine en 2022 (RePowerEU & EIH 26/5/22), l’UE a voulu se défaire d’interdépendances couteuses en termes économiques et géopolitiques.
- Ce n’est pas un hasard si ses ambitions de décarbonation ont directement déclenché l’hostilité de ses rivaux producteurs d’énergie fossiles – l’insistance de Trump à ce que l’UE achète plus de gaz américain en est une illustration éloquente.
- Même les énergies renouvelables, comme le numérique d’ailleurs, demandent beaucoup de ressources minières.
- Hier avec Biden et l’IRA, qui répondait au Green Deal européen (EIH 13/3/23), aujourd’hui avec les grands plans d’investissement chinois dans la décarbonation (cf. l’analyse par l’Agence internationale de l’énergie),
- la tension se déplace sur une course aux technologies vertes (voitures électriques, batteries, énergies renouvelables),
- chaque puissance cherchant à dominer les chaînes de valeur pour assurer sa souveraineté énergétique.
- Cette rivalité stimule l’innovation mais génère aussi des tensions autour des ressources rares, souvent exploitées au détriment de l’environnement.
- L’écologie devient ainsi un champ de coopération et de confrontation géopolitique.
- Le rapport Draghi souligne d’ailleurs la nécessité pour l’Europe de renforcer ses investissements verts face à cette compétition mondiale pour ne pas devenir dépendante des technologies étrangères (EIH 16/9/24).
- C’est dans ce contexte que Trump a ouvert un autre front de la bataille tarifaire.
- Après une première salve de hausses tarifaires sous l’administration Biden, qui avait déjà porté les droits de douane sur certains équipements photovoltaïques à près de 300 %,
- Donald Trump va donc encore plus loin.
- Certaines entreprises asiatiques, telles que Hounen Solar ou Longi PV-Tech, font désormais face à des tarifs pouvant atteindre 3 521 %.
- Dans le viseur : des fabricants implantés au Cambodge, en Thaïlande, au Vietnam et en Malaisie, accusés de bénéficier de subventions indirectes du gouvernement chinois.
- D’après une enquête de la Commission américaine du commerce international (ITC), ces sites de production seraient en réalité les relais d’une stratégie chinoise de contournement des droits de douane, en externalisant la fabrication hors des frontières continentales.
- Une réponse brutale qui s’inscrit dans une politique plus large de relocalisation verte.