ESPAGNE

Le premier ministre espagnol Pedro Sánchez aime les coups de poker politiques. En avançant les élections générales juste après sa déroute électorale du weekend aux scrutins locaux et régionaux, il a décidé de prendre tout le monde de court – et de faire tapis.

  • Le pays votera le 23 juillet pour les élections législatives.
    • Alors que le gouvernement avait initialement jusqu’à la fin de l’année pour convoquer les électeurs ;
    • Qu’il lui est possible de profiter de ce répit pour éventuellement redresser certains aspects de sa politique et capitaliser sur la présidence du Conseil de l’UE qu’occupera l’Espagne à partir du 1er
    • Avec une coalition fragmentée, une opposition galvanisée par sa victoire et un agenda européen déjà chargé en rencontres cruciales, dont un sommet UE-Amérique latine les 17 et 18 juillet à Bruxelles, le pari de Pedro Sanchez est à haut risque.
  • La dynamique est nettement en faveur des partis de droite.
    • Comme en Grèce la semaine dernière, comme en Finlande au mois d’avril, en Estonie et Lituanie au mois de mars, en République tchèque (présidentielle) au mois de janvier, ainsi qu’en Suède ou en Italie à l’automne 2022.
    • En l’occurrence, sur les douze des dix-sept communautés autonomes d’Espagne qui se sont rendues aux urnes, l’opposition du Partido Popular (PP) a réussi à renverser 6 des 10 régions gouvernées par le PSOE.
    • Le PP a complètement absorbé la concurrence centriste-libérale de Ciudadanos qui a pu profiter des scandales de corruption à répétition des anciens élus PP.
      • Il n’a cependant pas été capable de proposer une alternative crédible sur le long terme.
      • Le PP a également obtenu la majorité absolue à Madrid, la région la plus peuplée à avoir voté dimanche dernier, où gouverne la très populaire Isabel Diaz Ayuso.
    • En outre, le parti d’extrême droite Vox (ECR, antiféministe, antiécologique, nationaliste centraliste, et lié aux intérêts de l’agrobusiness ce papier sur l’Andalousie), a doublé en nombre de voix par rapport à il y a quatre ans.
  • Du côté de la coalition gouvernementale, Yolanda Díaz, la plus ancienne ministre de gauche au sein du gouvernement, a lancé son propre mouvement (Sumar).
  • Les élections anticipées ne sont pas seulement importantes pour déterminer le paysage politique de l’Espagne, mais ont également des implications plus larges pour la répartition des postes de pouvoir dans l’UE.
    • La victoire du PP à ces élections municipales et régionales pourraient bouleverser les plans d’Ursula von der Leyen, comptant sur une présidence espagnole forte du Conseil de l’UE pour consolider sa position.
      • Et donc s’assurer un second mandat.
    • Le résultat des élections aura un impact sur la composition du Conseil européen et sur la répartition des postes clés au sein des institutions européennes.

Manfred Weber, ( chef de file du  PPE au Parlement), considère un gouvernement conservateur en Espagne comme une chance de renforcer la position du parti et de soutenir potentiellement Roberta Metsola, actuelle présidente du Parlement européen, en tant que candidate à la succession d’U. Von der Leyen.

  • Au cours de la législature précédente, l’Espagne avait regagné son influence et est devenue un acteur important au sein de l’Union européenne après une période d’incertitude économique et de problèmes de réputation.
    • Le pays a joué un rôle crucial dans la gestion des retombées économiques de la pandémie de COVID-19 et de la crise énergétique provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
    • Les propositions de l’Espagne, telles que la création du Fonds de relance et l’exception ibérique visant à réduire les tarifs de l’électricité, ont été couronnées de succès.
  • Malheureusement, les prochaines élections législatives du 23 juillet 2023 pourraient compromettre la position de l’Espagne et perturber sa présidence du Conseil de l’UE à partir du 1er juillet.
    • L’instabilité politique et un éventuel ralentissement économique en Allemagne pourraient nuire à la dynamique de l’Espagne et l’empêcher de faire avancer efficacement ses priorités au cours de sa présidence.
    • Avec le retour du PP, on peut craindre les troubles politiques passés.