La rentrée politique de l’exécutif européen est marquée par les auditions du nouveau collège de commissaires européens, dont les nominations dessinent les contours d’une Commission en quête de renouvellement. La nomination d’une Commissaire à la Concurrence ET à la soutenabilité signe une réflexion originale. La Commissaire Teresa Ribera a fait ses preuves, quand elle était ministre, en matière de promotion du développement durable en Espagne. Réunir la durabilité et la concurrence en une seule unité sous la responsabilité d’une seule personne est une opportunité intéressante. En faisant preuve de créativité, elle peut montrer que le défi consiste à structurer les marchés de manière à favoriser une adoption plus rapide des technologies vertes et de l’innovation.
- Dans ce domaine aussi stratégique que la politique de concurrence, l’héritage imposant de Margrethe Vestager, ancienne commissaire européenne à la Concurrence, reste pour beaucoup une boussole.
- En particulier sur le tax ruling d’Apple (cf. EIH 23/9/23).
- La commissaire restera célèbre pour son affrontement frontal avec les modèles économiques américains et asiatiques.
- Elle a redéfini les ambitions de l’Union dans un monde multipolaire.
- Sa succession, néanmoins, semble s’engager dans une trajectoire inattendue, teintée d’écologie et de compromis économique.
- La concurrence économique et les politiques européennes conçues pour la réguler peuvent-elles servir la transition vers une économie durable ? Dans une série d’articles et d’interview, le Green European Journal s’interroge comment la politique de concurrence de l’UE pourrait être mise au service de ses ambitions climatiques.
- Historiquement moteur de l’intégration européenne et pilier de l’économie de l’Union, cette politique de concurrence était censée permettre à l’UE d’équilibrer les avantages du libre marché et la protection du tissu démocratique de la société contre le pouvoir incontrôlé des entreprises.
- Elle peut être un bouclier et une épée dans ce combat, note SImon Holmes, juge britannique. Mais elle n’y est pas parvenue.
- Au contraire, elle a même permis des niveaux massifs de consolidation industrielle dans l’ensemble de l’économie, en particulier sur l’alimentation et les semences.
- Aujourd’hui, ce pilier de longue date de la politique de l’UE doit être révisé de toute urgence.
- Premièrement, parce que les caisses publiques ne peuvent à elles seules couvrir les énormes besoins d’investissement du Green Deal et du plan REPowerEU –
- environ 700 milliards d’euros par an jusqu’en 2030,
- auxquels s’ajoutent 92 milliards d’euros pour atteindre les objectifs de la loi « Net-Zero Industry Act ».
- Ensuite, parce que la concurrence mondiale alimentée par la rivalité stratégique entre les États-Unis et la Chine intensifie la pression croissante sur l’UE et ses États membres.
- Rappelons que ces deux économies hautement subventionnées se disputent la suprématie sur les technologies et les industries vertes.