Que signifie l’arrivée de Teresa Ribera au portefeuille de la concurrence?
Teresa Ribera, alors vice-présidente du gouvernement espagnol depuis 2021, a été désignée « vice-présidente exécutive pour une transition propre, juste et compétitive », un poste qui pourrait bien devenir le pivot de la nouvelle Commission.
- En Espagne, elle s’est illustrée par des réformes audacieuses, concernant notamment la réforme du marché de l’électricité, l’exception ibérique, son opposition à la chasse au loup ou encore son positionnement face au nucléaire.
- Ces choix tranchés lui ont valu des critiques virulentes, certains membres de l’échiquier politique allant jusqu’à qualifier son approche d’« idéologie environnementale talibane ».
- Son chemin d’action est le suivant : coordonner tant la politique concurrentielle in extenso que l’écologisation de l’économie.
- La sémantique derrière le nouvel intitulé du portefeuille met en exergue des intérêts en apparence contradictoires.
- À cet égard, elle a commenté au Financial Times que cela s’expliquait par le fait que les coûts de l’action « seront à terme plus élevés ».
- Son mandat prend une acuité particulière dans le contexte des inondations dévastatrices qui ont frappé l’Espagne récemment, soulignant l’urgence d’accélérer la transition écologique.
- Ribera s’affirme ainsi comme une défenseure du Green Deal, mais cette volonté suffira-t-elle face à la complexité technique de la politique concurrentielle européenne ?
- Diriger et mener à bien la politique concurrentielle à l’échelle européenne suppose une expertise accrue dans ce domaine, empruntant au droit et à l’économie.
- Des domaines comme l’antitrust, le contrôle des concentrations, les aides d’État et le contrôle des subventions étrangères forment un agenda aussi dense qu’exigeant.
- La nouvelle commissaire ne semble pas disposer des compétences spécifiques requises pour naviguer dans ces eaux.
- Cette lacune a été mise en lumière lors de son audition, où elle aurait trébuché sur des questions techniques, selon Politico.
- Ces insuffisances pourraient être particulièrement visibles dans le secteur numérique, où les ambitions européennes de création de champions industriels se heurtent à la domination des géants américains et chinois.
- Il convient de souligner qu’elle pourra s’appuyer sur la puissante Direction générale de la concurrence (DG Comp).
- Avec son expertise robuste et ses cadres chevronnés, elle jouera un rôle clé dans l’exécution des politiques.
- Ce soutien institutionnel pourrait tempérer les craintes d’une rupture brutale avec les lignes directrices de l’ère Vestager.
- Si bien que l’on pourrait se demander si le nouveau portefeuille portera vraiment un changement.