L’inefficacité de la politique industrielle européenne en la matière a déjà été soulignée, par la Cour des Comptes européenne récemment et aussi dans un rapport de 2023. L’incapacité stratégique inquiète et la concurrence entre les Etats membres accentue cette incapacité. Les déboires de Northvolt dont une filiale a récemment déposé le bilan en sont la triste illustration.
- Il fut un temps où une compagnie comme Northvolt résumait la hype du marché européen des batteries.
- Eletrochoc vert selon la Banque d’investissement, et grand espoir d’une industrie décarbonée, Northvolt avait attiré un montant record de financement pour une entreprise non cotée en bourse sur le continent.
- Elle avait signé des accords avec de grands constructeurs automobiles européens, comme BMW, ou Stellantis.
- Mais l’une comme l’autre ont fini par résilier leurs contrats : BMW a retiré sa commande de batteries pour voitures électriques.
- En conséquence, Northvolt a annoncé des licenciements et doit encore payer 25 millions d’euros d’impôts aux autorités suédoises.
- Un cauchemar vert, commentent les médias suédois.
- Or, le problème est général. Sous la pression d’une forte concurrence mondiale, notamment de la Chine, les fabricants européens doivent revoir leurs ambitions à la baisse.
- Au début de l’année, VW a annoncé réduire ses propres projets de développement de batteries (cf. EIH 16/9/24).
- Au cours de l’été, ACC, une coentreprise entre Stellantis et Mercedes, a également annoncé qu’elle interrompait ses travaux pour mener des recherches sur des options de batteries moins coûteuses.
- Après que l’entreprise a interrompu les travaux d’une usine à Termoli, dans le nord de l’Italie, le gouvernement italien a coupé le financement d’ACC en septembre.
- Le problème principal est la faiblesse de la demande de voitures électriques en Europe dans l’état actuel des choses.
- Selon une étude de Bank of America, l’une des principales raisons de la faible croissance des véhicules électriques à batterie en Europe est le coût total plus élevé pour les propriétaires, comparé à celui des véhicules thermiques.
- Le problème est plus profond qu’un simple cycle d’adoption d’une nouvelle technologie: il s’agit d’une surcapacité mondiale dans la fabrication de batteries pour voitures électriques, particulièrement problématique pour l’Europe.
- Ainsi, BYD, le plus grand constructeur chinois de voitures électriques, utilise des batteries au phosphate de fer lithié (LFP) pour ses propres modèles.
- Considérées comme nettement supérieures et surtout moins chères, car elles éliminent le besoin de certains autres matériaux, notamment le cobalt.
- Il s’agit d’une technologie sur laquelle les constructeurs européens sont en retard.
- Encore une. La décarbonation de l’industrie européenne reste pour l’instant “made in China”.