La décision de la Commission européenne d’entériner les exemptions de 4% de jachère, sur fond de désaccord entre les Etats membres, tout en continuant à bénéficier des aides de la PAC s’accompagne d’une obligation de garder ces terrains en cultures intermédiaires ou fixatrices d’azote.
- Ce n’est qu’un pis-aller. Les objectifs de la jachère sont d’abord d’encourager le repos des sols et la régénération de la biodiversité.
- Les maintenir en culture, même intermédiaires contribue à leur dégradation tendancielle.
- C’est d’ailleurs une des principales conclusions du rapport sur la Souveraineté alimentaire européenne publié par deux députés R. Arenas (NUPES) et C. Sitzenstuhl (Renaissance) le mercredi 14 février 2024 :
- l’épuisement des sols est l’une des menaces majeures qui pèsent sur la souveraineté alimentaire européenne.
- Les intérêts financiers du secteur céréalier ont donc été pris en compte.
- Les 4% de jachère au niveau européen impliquent une réduction de la production, en particulier de céréales.
- Avec une production de 50Mt par an et un prix d’environ 250 € /t, ces 4% de production en moins représentent une perte de chiffre d’affaires d’environ 500M€ par an pour la filière.
- Une somme qu’il faut relativiser en fonction des “services écosystémiques rendus”, c’est à dire des phénomènes naturels et des externalités positives.
- D’après certains calculs, la seule pollinisation rapporterait à minima 3 Milliards d’euros par an au secteur agricole français, d’après les calculs du gouvernement.
- Les bienfaits économiques et écologiques de la jachère se mesurent aussi en termes de marge d’augmentation de la production pour compenser des crises éventuelles.
- Il s’agit d’un atout de taille face à un climat mondial de plus en plus instable.
- Cela a déjà été exploité en 2008 par la Commission européenne qui a mis fin à l’obligation des 10% pour endiguer la trop peu connue crise alimentaire précédant la crise financière de 2008.
- Les calculs à long terme ne résistent pas à la pression économique et aux intérêts d’une filière très dépendante des marchés mondiaux.
- Une pression confirmée par exemple en France, où les premières mesures pour apaiser le monde agricole bénéficient d’abord aux plus gros exploitants.