Alors que les attentions sont tournées vers le conflit avec la Russie en Ukraine, l’UE poursuit sa stratégie de recherche de contrepoids à l’influence stratégique chinoise. Ainsi, le 22 février, s’est tenu à Paris le Forum ministériel pour la coopération dans l’Indopacifique, dans le cadre de la PFUE. Avec 60% de la richesse mondiale et les trois cinquièmes de la population globale, cette région est d’une importance stratégique particulière pour l’Union européenne.
- Les parties prenantes à ce forum étaient : les ministres des Affaires étrangères des États membres de l’UE, ainsi que d’une trentaine de pays de la zone Indopacifique, des représentants des institutions européennes, ou encore d’organisations régionales.
- Parmi les objectifs de cette réunion, le Forum a été l’occasion de rappeler l’engagement de l’Union européenne dans la région comme priorité pour le semestre de la PFUE et de témoigner de la volonté d’approfondir les liens par la proposition d’un modèle européen de coopération, caractérisé par le multilatéralisme et la règle de droit.
- Dans le carnet de bord de la PFUE sur le JDD, le chercheur Antoine Bondaz rappelle que les enjeux de ce Forum sont considérables, tant pour la France que pour l’UE.
- Pour la France, notamment en raison des enjeux de souveraineté, avec plus de 1,6 million de concitoyens vivant dans les territoires ultra-marins de la région, mais également avec les deux tiers de la zone économique exclusive de la France, ou encore la présence de près de 7000 militaires.
- Pour l’Union européenne, du fait des enjeux économiques en présence. L’Indopacifique est la région où sont présentes trois des cinq plus grosses économies mondiales, à savoir la Chine, le Japon et la France.
- La région est également responsable de deux tiers de la croissance mondiale, et des 90% des nouvelles classes moyennes au monde, qui émergeront d’ici 2030.
- Dans une analyse de fond, Roderick Kefferputz et Mathieu Duchatel de l’Institut Montaigne se penchent aussi sur le rôle respectif de la France et de l’Allemagne, en vue d’équilibrer la présence de la Chine dans la région.
- L’implication de l’Europe dans la région est « nécessaire et inévitable », car il est dans l’intérêt de l’UE de maintenir un ordre de sécurité régional stable, et cet intérêt pourrait être renforcé par les efforts du couple franco-allemand.
- L’implication européenne pourrait prendre la forme d’une présence navale plus élargie en mer de Chine méridionale.
- L’article soulève le fait que la marine française devrait moins se déployer en 2022 pour laisser place à une approche européenne coordonnée.
- De plus, l’UE devrait soutenir les capacités militaires et répressives des pays de l’Indopacifique pour dissuader les tentatives unilatérales de la Chine de modifier le statu quo.
- La France étant déjà le troisième exportateur d’armes vers la région, la question est de savoir si l’Allemagne est prête à en exporter davantage.
- Enfin, l’Europe devrait approfondir ses relations économiques et technologiques avec les États de la région pour accroître son influence.
- Cette volonté d’accroître l’influence européenne est visible par l’absence des États-Unis et de la Chine à ce Forum, signal fort que la France défend une approche européenne autonome sur la question.