Toute guerre est à la fois une réalité militaire et une projection politique de cette réalité. Aux proclamations de prise de la ville stratégique de Pokrovsk par la Russie, l’Ukraine a répliqué par un démenti, et ses propres attaques navales et terrestres, rappelant qu’elle refuse de se considérer comme vaincue, malgré les lentes avancées de l‘adversaire et les frappes tactiques répétées visant ses infrastructures énergétiques et ses villes – plus de 1600 drones en une semaine, selon Kiev.
- C’est sur le fond de combats et un front vaguement stabilisé que se déroulent les pourparlers visant à une sortie du conflit.
- Les négociations, dont celle du samedi 6 décembre – déjà la troisième rencontre,- semblent cependant bloquées :
- Moscou maintient des exigences territoriales et sur l’OTAN,
- Kiev refuse toute concession majeure,
- et Washington pousse un plan de cessez-le-feu temporaire sans percée décisive pour l’instant.
- L’une des clés du problème reste la position américaine.
- Le fameux “plan Trump” en 28 points s’est révélé n’être autre qu’un document russe, comme le rappelait Reuters.
- Il aura fallu un certain talent diplomatique aux Européens, mis complètement hors-jeu par Washington pour se réintroduire dans la négociation et remodeler (en 19 points) la feuille de route vers la paix.
- Vladimir Poutine fait également monter les enchères.
- Ses objectifs de guerre concrets ont été l’occupation totale des quatre provinces de Louhansk et Donetsk, qui constituent le Donbass, ainsi que Zaporijia et Kherson au sud.
- À l’exception de Louhansk, il n’occupe que certaines parties des autres régions.
- Le Kremlin semble avoir élargi ses objectifs militaires pour inclure la Novorossiya – la Nouvelle Russie –, une référence à toute la région du sud de l’Ukraine, y compris Odessa.
- Cette notion remonte à l’époque de Catherine la Grande, à la fin du XVIIIe siècle.
- V. Poutine avait déjà évoqué la Novorossiya en 2014, affirmant que ces territoires étaient historiquement russes.
- Puis à nouveau en 2022, au début de la guerre.
- Lorsqu’il s’est heurté à la résistance de l’Ukraine, il avait réduit ses objectifs de guerre aux quatre oblasts.
- L’acquisition de la Novorossiya ne peut clairement pas être un résultat réaliste d’un processus de paix.
- Il nous semble que V. Poutine fait monter les enchères.
- Cela rappelle que cette guerre ne prendra pas fin simplement lorsque la Russie aura atteint ses objectifs militaires précédemment déclarés.
- S’il peut obtenir davantage, il le fera sans nul doute, s’inquiète-t-on au sein de l’UE.
- Comme l’explique Le Grand Continent, la guerre en Ukraine semble n’être qu’une étape d’un projet plus vaste de Vladimir Poutine : militariser la Russie, remodeler l’ordre mondial et menacer directement l’Europe.
- Malgré des pertes importantes, l’appareil militaire russe reste capable de se régénérer — ce qui en fait une menace durable contre l’Ukraine et l’Europe.