La souveraineté n’est qu’un mot vide si l’on n’en a pas les moyens. C’est la leçon de réalisme politique que l’UE est en train d’apprendre, à la dure et sous pression. Elle doit se doter d’urgence d’une réelle Base Industrielle et Technologique de Défense, si elle veut garantir l’autonomie stratégique, sécuriser les approvisionnements en équipements critiques, consolider une base industrielle compétitive et innovante, soutenir l’emploi hautement qualifié et coordonner les efforts des États membres pour éviter la fragmentation et peser davantage face aux grandes puissances rivales.
- Dans un vote solennel, le Parlement européen a adopté le programme européen pour l’industrie de la défense (PEID) et l’Union européenne voit certaines régions renforcer leur défense commune comme la Baltique, via le NORDEFCO, tandis que d’autres s’affrontent dans des combats en apparence futiles.
- Cependant, la situation est toujours aussi critique : les menaces sur l’Europe sont multiples et existentielles
- De la guerre longue en Ukraine aux caprices de l’ancien allié américain, qui menace maintenant d’abandonner l’OTAN et l’Europe à leur sort,
- en passant par une guerre hybride de la Russie qui mine l’Europe de sabotages, corruptions et zizanie.
- Des récentes négociations entre les Etats-Unis et la Russie, qui ont une fois de plus laissé l’UE et l’Ukraine sur le banc de touche, ont résulté en un énième plan de paix trumpien sans lendemain et en un nouveau revirement du président américain :
- cession de territoire ukrainien à la Russie, garanties sécuritaires vagues pour l’après-guerre…
- Face aux initiatives américaines sur l’Ukraine, l’UE en est réduite à son exercice habituel de diplomatie funambule.
- Elle est cependant parvenue à amender le plan en 28 points qui revenait à une capitulation ukrainienne et une prolongation du conflit.
- Or, D. Trump semble avoir joué une fois de plus la main de V. Poutine en posant un ultimatum à l’Ukraine, faisant vaciller les récents espoirs d’un soutien américain à la souveraineté territoriale européenne.
- V. Poutine pourra revenir à la table des négociations avec des revendications toujours plus maximales en donnant l’impression que les Européens sont ceux qui ne jouent pas le jeu de l’armistice et des négociations.
- Des réponses européennes à ces menaces s’organisent cependant.
- Un projet de zone Schengen militaire pour 2027 promet une réactivité et une fluidification pour l’instant absente en cas d’attaque du territoire européen.
- En plus de son rôle croissant dans le financement de la réindustrialisation militaire européenne et les achats conjoints des Etats membres, la Commission européenne a récemment communiqué sur un point d’appui essentiel : le renseignement.
- La présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, a jeté un froid en proposant la création d’une cellule du renseignement sous sa coupe, froissant les diplomates des 27
- Elle semble ignorer l’existence de l’agence européenne du renseignement (Intcen), active depuis 1999 et rattachée au Service européen pour l’action extérieure (SEAE) depuis 2012.
- Si cette agence joue déjà un rôle crucial de mise en commun des services nationaux et est une source d’analyse précieuse aux enjeux sécuritaires européens, renforcer son rôle et ses capacités semble plus pertinent que de créer son doublon à la Commission.
- Une initiative d’autant plus nécessaire que les échanges de renseignements au sein de l’OTAN avec les Américains souffrent de la deuxième administration de Donald Trump.