Cette volonté de se barricader suit une dynamique politique européenne qui s’est illustrée dans les urnes des élections européennes de 2024. En conséquence, nous retrouvons dans la politique intérieure des pays d’Europe une politique migratoire qui ne cesse de se durcir.
- En Grèce, l’afflux de migrants en Crète crée une situation de précarité accrue dans les infrastructures prévues pour leur accueil tout en provoquant un arrêt de réception des demandes d’asile en provenance d’Afrique du Nord.
- Cet arrêt à l’initiative du ministre des Migrations, Thanos Plevris, s’inscrit dans la continuité d’une politique conservatrice et répressive verrouillant les ONG humanitaires.
- La position des pays des Balkans l’a réduit à l’état de zone tampon migratoire ce qui en fait un enjeu stratégique dans la gestion des flux.
- Les accords bilatéraux signés avec l’Union européenne ont renforcé la présence de Frontex en Serbie, en Bosnie-Herzégovine et en Macédoine du Nord.
- Si Frontex fait état d’une baisse de 76 % des traversées irrégulières au premier semestre 2024, cette apparente réussite masque une réalité plus sombre :
- des milliers de personnes sont aujourd’hui bloquées dans des camps insalubres, sans accès à une procédure d’asile digne de ce nom.
- Une analyse du think tank Bruegel des flux migratoires des Balkans occidentaux vers l’Allemagne, déclenchés notamment par le « Western Balkan Regulation » de 2015 montre que si l’émigration entraîne des bénéfices économiques pour la région d’origine — transferts de fonds, investissements, diaspora — elle crée aussi des pertes majeures :
- dépeuplement, déséquilibres démographiques et perte des compétences dans des secteurs-clés comme la santé et la construction.
- L’étude recommande des réformes structurelles dans l’emploi, l’éducation et l’état de droit dans les pays des Balkans, et encourage un usage stratégique des liens croisés :
- retour des savoir‑faire, investissements transfrontaliers, capital humain diaspora, afin que la mobilité devienne vectrice de développement.
- Le sommet de Londres du 8 octobre 2025, prévoyait un plan à 13 millions destiné à lutter contre les réseaux de passeurs dans la région.
- Plusieurs États européens comme le Royaume-Uni et l’Italie envisagent ou appliquent déjà des accords de réadmission prévoyant le transfert de demandeurs d’asile déboutés vers des pays tiers.
- L’ONG Human Right Watch dénonce l’utilisation de ces pays comme d’un “entrepôt à migrants” en se référant à l’externalisation de l’accueil des réfugiés comme c’est le cas de l’Albanie en faveur de l’Italie.