À dix jours de l’ouverture de la COP30 à Belém, l’Union européenne peine à parler d’une seule voix sur le climat. Après plusieurs reculs sur le Green Deal (ES 5/5/24) et la directive anti-déforestation (ES 2/12/24), la Commission est désormais accusée de céder aux pressions combinées de Washington, des industriels européens et d’une partie des États membres.
- Le Pacte vert européen, présenté en 2020 comme le pilier de la transition écologique de l’Union, subit aujourd’hui une série d’ajustements que Bruxelles préfère qualifier de « simplifications ».
- Le projet de paquet législatif Omnibus, approuvé en commission au Parlement, illustre ce virage.
- Officiellement destiné à alléger les contraintes administratives, il entraîne de fait un ralentissement du calendrier climatique européen.
- La directive sur le reporting durable des entreprises (CSRD) ne concernerait plus que les groupes de plus de 1 000 employés et 450 millions d’euros de chiffre d’affaires, tandis que la directive sur le devoir de vigilance (CSDDD) se limiterait aux très grandes entreprises.
- Les plans de transition climatique resteraient mentionnés, mais leur mise en œuvre ne serait plus obligatoire.
- Ce texte, soutenu par le Parti populaire européen et une partie des libéraux de Renew, est perçu par les Verts et les ONG comme un renoncement politique.
- « Une coquille vide », a dénoncé la députée danoise Kira Marie Peter-Hansen, qui estime que la majorité a « abandonné la responsabilité environnementale au nom de la compétitivité ».
- À l’inverse, le conservateur suédois Jörgen Warborn a salué un « compromis pragmatique » maintenant la transition verte « sur la bonne voie ».
- Le Parlement européen a rejeté le compromis négocié en commission juridique (JURI) sur le règlement « omnibus », qui visait à simplifier et reporter plusieurs normes européennes de durabilité pour les entreprises.
- Le vote a ouvert l’ensemble du texte à une renégociation en plénière, avec dépôt d’amendements à venir.
- Le rejet est paradoxal : à la fois la droite/extrême‑droite (qui jugeait le texte insuffisamment dérégulateur) et la gauche/écologistes (qui estimait qu’il affaiblissait trop les normes) l’ont combattu.
- Ce recul marque une bataille ouverte sur l’avenir de la régulation européenne et pourrait affaiblir le Green Deal et les dispositifs comme la directive sur le devoir de vigilance.