C’est passé relativement inaperçu, mais le 9 septembre 2025, le Parlement européen a adopté une nouvelle législation ambitieuse visant à réduire le gaspillage alimentaire et textile dans l’ensemble de l’Union européenne. Cette réforme, qui révise la directive européenne sur les déchets de 2008, marque une étape majeure dans la politique de l’UE en matière d’économie circulaire et de durabilité. Elle fixe pour la première fois des objectifs contraignants aux États membres, afin de réduire de manière significative la quantité de déchets produits d’ici 2030.
- Dans le domaine alimentaire, chaque pays devra diminuer de 10% les pertes générées lors de la transformation et de la fabrication des aliments, et de 30% celles issues de la distribution, de la restauration et des ménages, par rapport aux niveaux moyens observés entre 2021 et 2023.
- Ces objectifs, moins ambitieux que ceux envisagés initialement (40% et 20%), résultent d’un compromis entre le Parlement, la Commission européenne et les États membres.
- Les Etats membres seront libres de choisir les moyens d’action pour atteindre ces objectifs.
- Comme l’explique l’eurodéputée CRE, Anna Zalewska, rapporteure du texte, « l’idée est d’adopter des solutions ciblées (…) mettre en valeur les fruits et légumes ‘moches’, clarifier l’étiquetage, donner les invendus encore consommables » aux associations et aux banques alimentaires.
- Le Parlement insiste également sur la responsabilité des acteurs économiques les plus concernés, qui devront faciliter le don d’aliments invendus et sûrs à la consommation.
- Certains professionnels du secteur, notamment dans la restauration, auraient toutefois préféré une approche non contraignante.
- Pour Marine Thizon, du lobby européen Hotrec, « la clé réside surtout dans la sensibilisation, y compris celle des consommateurs : plus de 50% du gaspillage alimentaire en Europe se produit au niveau des ménages ».
- En revanche, aucun objectif n’a été fixé pour le secteur agricole, un manque pointé par des ONG comme le WWF, qui rappelle que « les pertes avant, pendant et après la récolte représentent une part considérable du gaspillage alimentaire tout au long de la chaîne de valeur ».
Alors que les textes sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises sont pris pour cibles par les adversaires du Green Deal (ES 20/1/25), les efforts de l’UE sur la réduction du gaspillage pourraient offrir une alternative, sectorielle, pour en conserver cependant certains objectifs.