La construction d’un réseau à grande vitesse à dimension européenne n’est pas le seul enjeu des interconnexions continentales. Le Monde revient sur une étude de l’ONG Réseau Action Climat (RAC) qui souligne une renaissance des trains de nuit en France : en 2024, plus d’un million de voyageurs ont utilisé ce mode de transport, un niveau comparable à 2014-2015 malgré une offre réduite, avec un taux d’occupation moyen de 76 %, culminant à 86 % sur la ligne Paris-Toulouse.
- Ce regain montre un intérêt croissant pour un transport durable et économique, surtout dans les territoires moins bien desservis.
- Le rapport plaide pour un renouvellement du matériel via l’appel d’offres étatique, offrant une opportunité de renforcer et développer durablement le réseau
- Cependant pour l’international, les obstacles restent encore substantiels.
- Lancé en grande pompe par European Sleeper une start-up belgo-néerlandaise, au mois de mars dernier, la liaison Bruxelles-Venise s’est heurtée au refus des autorités italiennes d’accorder l’autorisation de circuler sur le sol italien.
- Le train a dû s’arrêter à Innsbruck, à 313 km de Venise, et les passagers ont été transférés dans un autre train pour terminer le voyage à l’heure prévue.
- Une mésaventure qui illustre les défaillances de coordination européenne dans le ferroviaire transfrontalier.
- Autre exemple, l’opérateur ferroviaire autrichien ÖBB a réduit sa commande de trains de nuit Nightjet de 33 à 24, préférant allouer des ressources aux trains de jour Railjet 2.
- Ce recul reflète les défis persistants du cadre européen : manque de coordination des travaux d’infrastructure nocturnes, difficultés d’attribution des sillons, tarifs d’accès élevés, obstacles à l’homologation transfrontalière, et absence de soutien ciblé.
- Un mal pointé dès 2018 par une étude de la Commission européenne identifiant 365 liaisons ferroviaires transfrontalières sous-exploitées ou abandonnées, parmi lesquelles 176 manques critiques (« missing links ») ont été recensés.
- À l’issue des consultations avec parties prenantes et autorités compétentes, 48 liaisons, dont 9 à la frontière française, ont été jugées comme projets « potentiellement bénéfiques ».
- L’étude examine la faisabilité financière et d’investissement de ces connexions et formule des recommandations concrètes pour en faciliter la réalisation et lever les obstacles à leur mise en œuvre effective.
- Un post du blog Mediarail analyse la transformation du secteur ferroviaire en Europe, en insistant sur sa structuration encore très nationale malgré les ambitions transfrontalières européennes.
- Il aborde les bouleversements institutionnels des années 1980 (transition vers des entreprises ferroviaires publiques, ségrégation des missions, contraintes budgétaires) et l’évolution des comportements voyageurs, avec le développement de la grande vitesse, de la numérisation, et un regain d’intérêt pour les trains de nuit.
- Il met aussi en évidence les défis d’infrastructure, la concurrence avec l’aérien, et l’importance d’un réseau ferroviaire intégré et durable, tout en pointant la nécessité d’investissements et de coordination.
Un projet de règlement européen pour améliorer la coordination a été présenté en 2023, mais reste bloqué par les grands opérateurs et les réticences des Etats membres. L’Europe du rail n’est pas encore pour tout de suite.