Cette fronde anti renouvelables s’inscrit dans la continuité de la remise en cause du Pacte vert européen. Mais elle intervient en outre au moment où la Commission publie les objectifs intermédiaires de l’UE pour 2040 sur la voie de la neutralité carbone en 2050 (EIH 9/6/25).
- Prévue par la loi climat de 2019, qui fixe en outre l’objectif intermédiaire de 55% en 2030 (Fit for 55) cette trajectoire de décarbonation était en principe préservée des soubresauts politiques et des revers électoraux.
- Le rapport Draghi lui-même a souligné que le gisement de compétitivité européenne résidait dans sa décarbonation (EIH 16/9/24).
- Cependant en France, dans le climat de recul environnemental marqué depuis le début de l’année 2025, l’épisode espagnol a aussi servi d’argument supplémentaire pour remettre en cause le rôle des ENR dans la transition vers un mix énergétique décarboné et une plus grande souveraineté.
- L’Assemblée nationale avait ainsi adopté, dans un premier temps le jeudi 19 juin, un amendement en faveur d’un moratoire sur les nouvelles installations solaires et photovoltaïques, rejeté cependant avec l’ensemble de la loi PPE.
- La polémique autour du rôle des énergies renouvelables s’inscrit aussi dans un contexte de relance assumée du nucléaire en France.
- Le 3 juillet 2025, l’Autorité de sûreté nucléaire a donné son feu vert à la prolongation de dix ans de vingt réacteurs de 1 300 mégawatts, dont les plus anciens atteindront quarante ans en 2026.
- Cette décision, qui clôt la phase générique du réexamen, accompagne la signature récente du contrat de filière 2025-2028 et marque une rupture nette avec la précédente feuille de route énergétique.
- Cette relance est utilisée par certains pour discréditer les renouvelables, jugés trop coûteux et intermittents.
- Une ligne contestée au sein même du gouvernement, qui rappelle que la sortie des énergies fossiles passe par une électrification rapide, rendue impossible sans un mix diversifié.
- D’autant que le premier EPR2 ne devrait entrer en service qu’à l’horizon 2038.
- Miser sur le seul nucléaire, rappellent les défenseurs du solaire et de l’éolien, revient à prolonger une dépendance énergétique qui coûte chaque année plus de 60 milliards d’euros à la France.
- Le rapport du Haut Conseil pour le Climat a d’ailleurs souligné le retard pris par la France sur ses objectifs de neutralité carbone.
- Néanmoins au niveau européen, Paris et ses alliés de l’alliance nucléaire (EIH 17/3/25 et 22/5/23), se félicitent que les propositions de la Commission européenne soient officiellement “technologiquement neutres”.
- Ceci emporte donc la reconnaissance du rôle du nucléaire dans les objectifs de décarbonation, comme le souligne la Ministre Pannier-Runacher.
- A ce stade, selon les observateurs seuls trois Etats membres (PL, SK, HU) ont émis des réserves sur l’objectif de –90% annoncé par la Commission, considérés comme “irréalistes” d’après Varsovie.
- Désormais, la réouverture de la loi climat pour inscrire l’objectif intermédiaire est en route.
- On verra ce que les nouveaux rapports de force au Parlement en feront.