TRUMPOLINE 

Le débat est donc de savoir si Donald Trump maitrise l’art du deal ou s’il fait tout simplement n’importe quoi. Une chose est sûre : ses choix entretiennent une forte incertitude autour du dollar, de l’économie américaine et de l’économie mondiale.  

Marc Scwhartz (PDG de la Monnaie de Paris) et Christian de Boissieu (économiste), dans leur nouveau livre La Nouvelle Guerre des monnaies, avancent l’idée que la toute-puissance du dollar est attaquée par la politique de Donald Trump. S’ils ne croient pas en son effondrement rapide, ils estiment toutefois, que l’économie mondiale est en recomposition avec l’apparition d’une «triade » de monnaies importantes : l’euro, le yuan et le dollar.   

  • La politique de Donald Trump s’inscrit alors dans une triple guerre des monnaies :  
  • celle des taux de change avec la volonté de faire baisser le dollar  ;  
  • une guerre de « position » qui est celle des réserves de change et d’utilisation sur les marchés financiers (dédollarisation) ;  
  • et enfin la guerre des monnaies numériques avec la blockchain.  

 

  • Les réactions des marchés consécutives aux annonces de droits de douane « réciproques » témoignent d’une perte de confiance du monde dans le dollar (vente simultanée des actions américaines, des bons du trésor et du dollar).  
  • On ne peut, cependant, pas parler de point de bascule, parce que la baisse de l’influence de l’USD a commencé il y a déjà un certain temps.  
  • Sa part dans les réserves de change mondiales était de 70 % il y a vingt ans, elle est aujourd’hui tombée à un peu moins de 60 %.  
  • Cela s’explique en partie par la volonté des BRICS de dédollariser leur économie.  
  • Ainsi la répartition des réserves de change est la suivante aujourd’hui : 60% Dollar ; 20% Euro ; 5% la Livre sterling, idem pour le Yen ; Yuan Chinois 2 à 3%. 

 

  • La recomposition monétaire globale devrait se poursuivre vers un modèle davantage multipolaire et fragmenté.  
  • Pourtant, les marchés financiers européens restent moins unifiés que ceux des États-Unis, tandis que le Yuan peine à s’imposer malgré la puissance économique chinoise. 
  • Cela s’explique par l’absence de convertibilité totale de la devise. 
  • Les autorités chinoises contrôlent les flux de capitaux entrants et sortants. 
  • Les entreprises ou investisseurs étrangers doivent souvent obtenir une autorisation pour convertir de grandes sommes de Yuans en devises étrangères et inversement. 

 

  • Par ailleurs, les décisions concernant les barrières douanières interviennent dans un moment difficile pour l’économie américaine.  
  • Un paradoxe persiste encore. Malgré des indicateurs macroéconomiques globalement solides — faible chômage, inflation maîtrisée, et croissance plus robuste qu’en Europe — le climat reste incertain.  

 

  • Du point de vue politique et institutionnel enfin, l’administration Trump connait une crise importante de légitimité quant à sa politique économique internationale.   
  • Il a été estimé qu’en agissant ainsi, le président américain contourne les prérogatives du Congrès normalement seul habilité par la Constitution à réguler le commerce extérieur.  
  • C’est donc à la Cour Suprême, largement conservatrice, qu’il reviendra de trancher sur le fond du sujet.