L’un des leviers de pression les plus significatifs à la disposition de l’UE sur Israël est en effet l’accord d’association qui encadre les relations commerciales, politiques et scientifiques. Comme le souligne Médiapart, son annulation aurait une véritable portée politique et économique. Toutefois, sa suspension nécessite l’unanimité, ce qui en rend l’activation improbable à court terme.
- Certains éléments de cet accord, notamment la participation d’Israël au programme Horizon, pourraient être suspendus à la majorité qualifiée.
- Horizon est le plus important programme de coopération scientifique au monde.
- Israël y est un acteur central depuis 1996, recevant plus d’un milliard d’euros de subventions.
- Des technologies comme le Dôme de fer ont bénéficié de ces financements.
- Une suspension aurait un impact direct sur la recherche israélienne et provoquerait probablement une fuite des cerveaux.
- Le Conseil des sciences israélien a déjà averti des « conséquences profondes » en cas de rupture.
- Pour l’UE, cette pression scientifique représente un levier politique stratégique, plus facile à mobiliser que les sanctions commerciales classiques.
- Il s’agirait là d’un signal clair envoyé à Israël sans passer par des sanctions plus lourdes, difficilement réalisables dans le cadre européen.
- Au sein de l’UE, certaines lignes commencent cependant à bouger, notamment en Allemagne, pays historiquement lié à la sécurité d’Israël.
- Le 27 mai, le site Eurointelligence livrait une analyse exhaustive de l’évolution de Friedrich Merz sur ce sujet.
- Le chancelier ainsi a durci le ton, et remis en cause la justification des frappes israéliennes à Gaza.
- Il a dénoncé la famine comme une arme de guerre et affirmé l’opposition à toute expulsion des Palestiniens.
- Son ministre des Affaires étrangères a suivi en condamnant l’opération tout en précisant que l’Allemagne continuerait à livrer des armes à Israël et à respecter l’accord d’association européen.
- Cette position un peu schizophrène reflète l’embarras allemand, partagé par d’autres pays européens.
- Felix Klein, commissaire à la lutte contre l’antisémitisme, a lui aussi appelé à un débat plus honnête sur le soutien allemand à Israël.
- Il a même estimé que les actions israéliennes à Gaza ne servaient ni la paix ni la sécurité à long terme.
- L’UE se retrouve dans une situation où elle cherche à exercer une influence politique, mais sans consensus fort ni stratégie unifiée.
- La tentation d’agir par des moyens indirects — suspension de programmes scientifiques, mobilisation des fonctionnaires, signaux publics — montre à quel point l’Europe est dépendante de sa cohésion interne.
- Le think tank Friends of Europe estime que l’UE a à sa disposition 5 outils stratégiques au-delà des sanctions pour mettre fin à la guerre à Gaza et reconstruire la paix :
- instaurer des sanctions ciblées contre les extrémistes, soutenir les défenseurs des droits humains et les bâtisseurs de paix, créer un fonds de reconstruction dirigé par des acteurs locaux, reconnaître conditionnellement un gouvernement palestinien de transition, et exploiter sa diplomatie coordonnée avec les partenaires arabes.
- Ces mesures visent à isoler les responsables de la violence tout en favorisant les initiatives pacifistes, soutenant la gouvernance palestinienne et renforçant le rôle diplomatique de l’UE dans la résolution du conflit.