Pendant ce temps, de Kiev à Istanbul…
Les évolutions récentes de la guerre en Ukraine révèlent, à la fois, de nouvelles formes de soutien occidental et une stagnation du processus diplomatique. Entre un accord économique stratégique entre l’Ukraine et les États-Unis, une Europe plus unie autour de Kiev, et des négociations échouées en Turquie, le conflit continue de s’enliser, sans qu’on puisse déterminer avec certitude si c’est le résultat d’une stratégie délibérée de certains protagonistes comme la Russie ou la conséquence des évolutions parfois erratiques de la position américaine, même si Donald Trump semble perdre patience avec la temporisation de Vladimir Poutine.
- Le 30 avril dernier, Washington et Kiev ont donc signé un accord historique sur l’exploitation des ressources naturelles ukrainiennes, notamment les minerais de terres rares, le gaz et le pétrole.
- Ce partenariat, résultat de longues négociations depuis octobre 2024, est largement rééquilibré au regard des premières velléités de Donald Trump.
- Initialement très favorable aux États-Unis du fait d’une exigence de contrôle majoritaire
- et d’un remboursement implicite de l’aide militaire passée,
- l’accord conclu vise à créer un fonds d’investissement binational pour la reconstruction du pays et a, in fine, permis à l’Ukraine de préserver sa souveraineté économique.
- La propriété et l’exploitation des ressources restent sous contrôle ukrainien, alors que les investissements sont exclusivement destinés à son territoire.
- Toutefois ce rapprochement économique ne s’accompagne pas d’une garantie de sécurité, et ce au grand dam de Volodymyr Zelensky dont les demandes se sont faites insistantes.
- L’administration Trump considère, dans une démarche montesquienne, que l’interdépendance économique est une forme de garantie.
- Il écarte ainsi un engagement militaire supplémentaire.
- En dépit de cette déception, le Parlement ukrainien a largement ratifié l’accord le jeudi 8 mai dernier.
- Avec neuf abstentions et aucun vote contre, l’absence de garanties militaires suscite en effet de vives inquiétudes à Kiev quant à la pérennité du soutien américain face à la Russie.
- L’accord est, dès lors, perçu comme un moyen de prolonger l’engagement de Washington, alors que les dernières livraisons d’armes approuvées par Joe Biden doivent s’achever à l’été 2025.