Parmi les paramètres qui pèsent sur le règlement de la guerre en Ukraine, il est un autre problème auquel la Russie doit faire face : la faiblesse des prix du pétrole. Le pétrole brut et les produits pétroliers sont les exportations les plus importantes de la Russie et constituent toujours une source majeure de revenus pour le Kremlin, mais la chute des cours l’affecte. L’année dernière, les revenus du pétrole et du gaz représentaient 30 % de l’ensemble des recettes budgétaires russes. L’Opep+, dirigé par l’Arabie saoudite, ne semble pas vouloir relâcher ses efforts en augmentant sa production, ce qui accentue la pression à la baisse.
- C’est dans ce contexte que, début mai, la Commission européenne a proposé de bannir totalement le gaz et le pétrole russes du marché de l’Union, franchissant une nouvelle étape vers l’autonomie énergétique du continent.
- Cette initiative s’inscrit dans la continuité des sanctions imposées à Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.
- Elle marque un durcissement inédit : il ne s’agit plus seulement de réduire la dépendance, mais de la rompre.
- Dans une longue analyse pour Contexte, Anna Hubert fait le point sur la proposition :
- Fin des nouveaux contrats de gaz et des contrats courts en 2025, les autres contrats de gaz interdits fin 2027, des mesures commerciales visant l’uranium…
- Tous ces éléments doivent encore prendre la forme de propositions législatives, en juin, et passer par le Conseil et le Parlement européen.
- L’Europe a déjà considérablement diminué ses importations de gaz naturel russe, notamment via les pipelines.
- La part des importations de gaz russe dans l’Union européenne a fortement baissé, passant de 45 % en 2021 à 15 % en 2023.
- Toutefois, le gaz naturel liquéfié (GNL), acheminé par bateau, et toute une flotte fantôme russe, reste une brèche :
- en 2023, plusieurs États membres, dont l’Espagne, la Belgique ou encore la France, ont accru leurs achats de GNL russe, faute d’alternatives immédiates et économiques – surpassant l’aide à l’UKraine.
- En 2024 le think tank Bruegel avait déjà noté et chiffré ces incohérences.
- Si cette proposition est soutenue par plusieurs États membres (Pologne, pays Baltes, Portugal), d’autres (Hongrie, Autriche, Slovaquie), plus exposés ou bénéficiant déjà d’exemption, demandent des garanties.
- L’enjeu, au-delà du gaz, est stratégique : il s’agit de consolider l’indépendance énergétique de l’Union tout en affirmant une position politique claire face aux régimes hostiles.