Fidèle à son engagement européen, F. Merz s’est rendu à Paris le lendemain matin de son investiture. Avec Emmanuel Macron, il partage un passé dans la finance, un goût pour les déclarations tranchées et une ambition pour l’Europe. Après les années de discordes entre Macron et Scholz, ce rapprochement personnel laisse entrevoir une relance du couple franco-allemand.
- Les deux dirigeants affichent leur volonté de travailler sur les grands dossiers européens : défense, réindustrialisation, immigration, réforme du pacte budgétaire. Cependant, les divergences restent fortes.
- Paris pousse pour un nouvel emprunt européen pour financer le réarmement,
- ce que Berlin – sous pression de la CDU – rechigne à accepter.
- Sur le nucléaire, sur le Mercosur, ou sur la place de la France dans la dissuasion européenne, il apparaît quelques nuances dans leur positionnement respectif.
- Si, la France pousse à l’investissement et à la souveraineté, l’Allemagne reste plus prudente et libérale.
- F. Merz s’engage pour une Europe plus souveraine, moins dépendante des États-Unis, plus unie face aux crises.
- Sa vision repose sur une relance du « triangle de Weimar » , groupe de rencontre, de dialogue et d’échange informel entre la France, l’Allemagne et la Pologne.
- En visite à Varsovie, dans la même journée que sa visite à Paris , Merz promeut ainsi l’idée que l’Europe ne peut plus se construire à deux.
- Il revient aux vieux équilibres européens, avec la Pologne dans l’ancien rôle du Royaume-Uni qui contre balance le couple franco-allemand.
- Cette volonté de normaliser des relations détériorées par huit années de tensions avec les très conservateurs du PiS vise à ancrer davantage l’Allemagne à l’Est de l’Europe.
- En particulier dans la perspective d’une dissuasion commune face à Moscou.
- Par ailleurs, il prône la réforme du pacte de stabilité et le renforcement de la défense européenne.
- Cependant, son pragmatisme le pousse aussi à ménager les industriels allemands, à freiner sur les normes environnementales, et à plaider pour une ratification rapide de l’accord UE-Mercosur.
- À Bruxelles, il peut compter sur un réseau allemand puissant, à commencer par Manfred Weber, qui préside la première force politique européenne, le PPE.
- Pourtant, sa position reste fragile :
- ses alliés, dont le SPD, sont divisés sur l’ampleur des réformes ;
- ses relations avec Ursula von der Leyen, issue de la CDU mais proche de Merkel, sont froides ;
- et ses hésitations sur les questions militaires pourraient vite l’isoler.