Le cas Calin Georgescu et la présidentielle roumaine
Il y avait déjà eu le cas Syriza, parti de la gauche radicale grecque, arrivé au pouvoir avec Alexis Tsipras en 2015 et retombé dans l’opposition depuis. Sorti de nulle part et membre récent du parti, Stefanos Kasselaki, citoyen grec vivant aux USA, financier, cool et gay, avait gagné la présidence du parti après une campagne totalement virtuelle sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, Kasselakis a été désavoué, le phénomène est retombé et Syriza est même repassé derrière le grand rival socialiste PASOK. On le sait depuis le Brexit, les nouvelles formes de populisme numérique peuvent avoir des conséquences bien plus lourdes que le destin d’un parti d’opposition grec.
- Le premier tour de l’élection présidentielle en Roumanie a créé la surprise, avec l’ascension spectaculaire de Călin Georgescu (22%), candidat nationaliste d’extrême droite prorusse.
- Stupeur de même avec le Premier ministre favori de l’élection, Marcel Ciolacu, relayé à la troisième place, juste derrière Elena Lasconi (centriste de USR).
- Grâce à une campagne axée sur les réseaux sociaux, et particulièrement TikTok, Georgescu a réussi à capter un électorat jeune souvent éloigné des urnes.
- Ses vidéos virales, associant des scènes dynamiques et des messages patriotiques, ont multiplié sa visibilité et renforcé son impact sur l’électorat.
- Cette approche, mêlant modernité technologique et discours conservateur, a pris de court les partis traditionnels.
- Les observateurs, tant en Roumanie qu’à l’étranger, n’ont pleinement saisi cette dynamique que trop tardivement.
- Rappelons toutefois que les élections européennes de juin 2024 ont vu des candidats acquérir un siège après une campagne menée sur les réseaux sociaux.
- Le succès de C. Georgescu a suscité des préoccupations au sein de l’Union européenne.
- C’est la première fois que l’UE envisage une telle démarche, soulignant l’importance stratégique de cette élection pour les équilibres européens.
- Cette élection prend notamment une dimension géopolitique majeure car le président de la République roumaine, qui siège au Conseil européen, contrôle notamment les dépenses de défense, ce qui risque de poser des problématiques, particulièrement sur la question du soutien ukrainien.
- En effet, la Roumanie joue un rôle stratégique dans le conflit,
- Elle partage une frontière de 650 kilomètres avec l’Ukraine et bordée par la mer Noire.
- Avec un second tour décisif en perspective, les forces pro-européennes doivent rapidement se mobiliser pour contrer la montée de l’extrême droite.
- En Roumanie, des milliers d’étudiants et de lycéens se sont rassemblés sur la place de l’Université, dans le centre de Bucarest, pour protester contre l’ascension de C. Georgescu.
- Le second tour des élections le dimanche 8 décembre, suivant les élections législatives, joueront donc un rôle déterminant pour la Roumanie, comme pour la stabilité de l’Union européenne et de l’Otan.