Il aura manqué aussi à “Von der Leyen 2” l’ensemble des voix du Partido Popular espagnol, pourtant membre de son parti le PPE. C’est la conclusion du psychodrame qui a accompagné les auditions de validation des Commissaires ces dernières semaines. La ministre socialiste espagnole, Teresa Ribera, désignée pour devenir Vice-Présidence en charge de la Concurrence et de la Soutenabilité (cf. EIH 24/11/24 et bis) a déclenché une opposition particulièrement véhémente venue de l’extrême-droite Vox (Patriots for Europe) qui a fait pression sur le PPE pour obtenir son invalidation.
- Un mélange de coup politique intérieur,
- une opposition au gouvernement Sanchez dont Ribera était encore membre,
- et une tentative de couvrir les incuries du gouvernement provincial de Valence dans la gestion de la catastrophique inondation fin octobre.
- Dans cet exercice très codifié, les auditions finissent toujours par une victime sacrificielle, essentielle pour asseoir la légitimité politique du Parlement dans son rôle de contrôle démocratique de la Commission ou des Etats membres un peu encombrants.
- On se souviendra de Sylvie Goulard en 2019, ou de Rocco Buttiglione en 2004.
- Pour s’en garantir, les grands groupes ont tendance à “prendre des otages” c’est à dire mettre dans la balance la désignation des autres candidats pour sécuriser les leurs.
- La leçon de cette séquence, c’est la capacité de l’ECR à avoir gagné le PPE à sa cause :
- les candidatures du parti de centre-droit n’étaient pas menacées, contrairement à celle de Raffaele Fitto, membre de Fratelli d’Italia (ECR).
- Le pat politique qui a suivi a été rompu par le groupe SD, dirigé par une présidente espagnole (Iratxe Garcia), malgré l’opposition interne, et s’est traduit par un accord tripartite de majorité entre PPE, SD et Renew.
- Cet accord témoigne d’une nouvelle tendance politique dans l’UE:
- relâcher le cordon sanitaire autour des partis d’extrême droite dans l’UE, en introduisant ceux qui, comme le FdI, sont prêts à coopérer à Bruxelles.
- Au sein de l’extrême droite, c’est également une victoire pour ceux qui, comme G. Meloni, pensent que travailler avec l’UE plutôt que contre elle peut faire avancer leur programme politique.