LES RAISINS DE LA DISCORDE   

“Viande contre voiture” : l’accord du Mercosur ne se limite pas au volet agricole.  Il est considéré comme nécessaire pour des secteurs industriels européens en grande difficulté – comme l’automobile (cf. EIH 11/11/24). D’autres acteurs pointent ainsi les bénéfices de l’accord pour l’économie française et européenne.  

  • L’économiste Emmanuel Combe expose dans Les Echos les 5 raisons pour lesquelles il faudrait soutenir l’accord :  
  • S’assurer des débouchés dans un contexte de montée du protectionnisme et la signature de cet accord est la dernière occasion de le faire. 
  • Barrer la route à la Chine dont la part de marché en Amérique du sud ne fait que croître. 
  • Diversifier ses sources d’approvisionnement en minerais stratégiques et avoir un accès privilégié au cobalt, graphite et lithium de la zone. 
  • Ouvrir un nouveau marché pour des filières clés en France : vins, spiritueux, automobile, chimie, etc. 
  • Les importations de volaille et de bœuf prévues par l’accord pèsent peu dans le total consommé par l’Europe (1,2% pour le bœuf par exemple). 
  • L’Espagne et le Portugal qui ont des liens historiques et culturels forts avec le Mercosur et l’Allemagne pour des raisons économiques défendent  l’accord.  
  • L’Allemagne y voit une opportunité industrielle avec un nouveau marché d’exportation pour ses voitures, alors que la consommation chinoise est en berne et que les États-Unis risquent d’augmenter leurs droits de douane avec le retour de Trump. 
  • La France cherche à bloquer l’accord mais ne peut rien seule. Il lui faut pour cela convaincre certains de ses partenaires. 
  • La Pologne, l’Autriche, les Pays-Bas et l’Irlande ont exprimé par le passé leurs inquiétudes vis-à-vis de l’accord, tout comme l’Italie récemment. 
  • Le vote au Conseil européen étant à majorité qualifiée, la France doit trouver une minorité de blocage.  
  • L’Italie de Giorgia Meloni a ainsi annoncé en faire “une bataille commune”. 

Cependant, la constitution d’une coalition politique au Conseil ne se limite jamais au dossier directement concerné. Si la Pologne a aussi une population agricole sensible au sujet Il faut s’attendre à ce que le soutien de ceux qui sont moins exposés sur ce sujet soit éventuellement récompensé dans d’autres négociations.