Les signaux, faibles ou forts, s’accumulent depuis des mois et nous les documentons régulièrement dans l’EIH : le secteur automobile européen est en crise. Symbole des limites du modèle démocratique de gouvernance industrielle et du modèle économique de developpement, la crise de l’automobile allemande ne se limite pas aux difficultés de Volkswagen (cf. EIH 16/9/24).
- Toute l’industrie automobile européenne traverse une crise sans précédent, affectée par des fermetures d’usines, des baisses de consommation et une concurrence internationale exacerbée.
- Les causes sont variées, et les impacts se font sentir à tous les niveaux de la chaîne de valeur, menaçant ainsi la stabilité économique de l’Union européenne, et des centaines de milliers d’emplois.
- A l’heure de la décarbonation indispensable de notre modèle productif, le secteur automobile est crucial pour accompagner la transition énergétique.
- Cependant, sa résistance est une preuve à la fois de la persistance des idées anciennes et de l’insuffisance des dispositifs d’accompagnement.
- Le secteur automobile, autrefois moteur économique de l’Europe, voit aujourd’hui ses piliers s’effriter.
- Les géants de l’industrie, tels que Volkswagen et Stellantis, font face à des décisions difficiles pour maintenir leur viabilité.
- Fermetures d’usines : Volkswagen, par exemple, a dû annoncer la fermeture de trois usines en Allemagne, une première depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en raison de surcapacités de production et d’une baisse de la demande.
- Fermetures de concessions : La situation est similaire pour les concessions, avec Porsche fermant plusieurs points de vente en Chine, tandis que BMW, Audi et Mercedes peinent à maintenir leurs ventes face aux marques chinoises montantes dans le domaine électrique.
- Licenciements massifs : Les sous-traitants, notamment en France, sont également frappés. En Europe, les équipementiers auraient perdu 86 000 emplois entre 2020 et 2023, et 32 000 supplémentaires au cours des premiers mois de 2024, signe d’une crise qui affecte toute la chaîne de production.
- Le marché automobile européen peine à retrouver son dynamisme d’avant la crise pandémique.
- Baisse des immatriculations : Malgré un léger rebond en 2023, les nouvelles immatriculations de voitures restent inférieures aux niveaux atteints en 2019. En août 2024, les immatriculations de véhicules électriques ont chuté de 43,9 % en Europe, avec une baisse de près de 70 % en Allemagne.
- Perte de confiance dans les constructeurs : Le scandale du Dieselgate en 2015 a durablement terni la réputation de Volkswagen et des autres constructeurs, entraînant un scepticisme accru du public vis-à-vis de l’industrie automobile traditionnelle.
- Facteurs économiques : La crise économique et la flambée des prix de l’énergie et de l’alimentation ont également réduit le pouvoir d’achat des consommateurs. En dix ans, les prix des voitures neuves ont augmenté de 40 à 50 %, excluant une partie des acheteurs traditionnels.
- Cette crise ne se limite pas aux constructeurs ; elle risque de faire vaciller l’ensemble de la chaîne de valeur automobile, qui représente plus de 7 % du PIB européen et emploie plus de 15 millions de personnes.
- Les difficultés des producteurs de batteries : Northvolt, pionnier européen de la batterie électrique, a dû licencier 1 600 employés en septembre 2024, une réduction drastique causée par la concurrence asiatique et des retards de production majeurs .
- Délocalisations : Les coûts de production et la course aux économies incitent de nombreux constructeurs à délocaliser, réduisant la compétitivité des usines européennes et menaçant les emplois locaux.