Derrière les normes environnementales qui paraissent “si insupportables” à ceux qui les critiquent se posent pourtant d’autres enjeux que ceux de la liberté des uns ou de la compétitivité des autres : il s’agit des conditions même de la continuité de nos habitudes de consommation. De la même façon que la surpêche menace l’activité des pêcheurs (cf. EIH 13/10/24) l’épuisement des sols menace l’activité des agriculteurs.
- La dégradation des sols agricoles européens est documentée.
- Leur artificialisation croissante reste un problème à part entière que les nouvelles normes ne parviennent pas à vraiment enrayer.
- Les inondations spectaculaires de l’Europe centrale, ou en France, ces dernières semaines posent aussi la question de la gestion des cours d’eau, de la protection des zones humides et de la regénération des nappes phréatiques.
- Parce que paradoxalement, les inondations ne préservent pas de la sécheresse.
- Ainsi, les ministres de l’Environnement ont-ils réclamé dans leur réunion de Conseil du 14/10 un « plan d’action européen contre la désertification, la dégradation des sols et la sécheresse”.
- Ils demandent à la Commission de présenter des mesures pour « renforcer la résistance face à la sécheresse » et « parvenir à la neutralité en matière de dégradation des terres » d’ici à 2030.
- Malheureusement, une fois que ces normes seront produites, discutées puis adoptées, il est fort probable que leur application provoque les mêmes réticences et même rejets que les précédentes.
- Par exemple, l’extension du système ETS au secteur agricole pourrait, sur le modèle de ce qui existe déjà pour le secteur énergétique, être contreproductive, selon l’European Environmental Bureau
- Dans une étude, on y trouve des propositions plus ciblées et plus à même d’être acceptées pour éviter une dérive vers un “droit à polluer”.
- Autre exemple, plus éloquent encore, du décalage : les normes de pollution de l’air.
- Qu’elles soient européennes ou encore moins celles, plus restrictives, de l’OMS, un pays comme la France ne les respecte toujours pas, d’après les statistiques propres du ministère de la transition écologique.
- Pour réduire cette pollution qui coûte cher (environ 100 milliards/an) et pèse sur la santé, les mesures existent (transport, industrie, agriculture) mais il faut qu’elles soient suivies, notait l’ONG France Nature Environnement au début de l’année.
- De fait, il ne suffit pas d’adopter des normes, qu’elles fussent ambitieuses ou modestes, il faut se donner les moyens de les appliquer et les faire respecter.
- Faute de quoi, on aura le pire des deux mondes : des normes inutiles qui nourrissent le ressentiment populiste, la continuelle dégradation des sols, rivières et océans, donc des bases concrètes de notre propre subsistance et de notre économie productive.
- Au bout du compte, on se dirige vers une perte de souveraineté, et encore plus de ressentiment populiste contre l’impuissance politique et les normes absurdes.
Le cercle vicieux de l’immaturité.