Le consensus de Washington a du plomb dans l’aile. Dans une analyse audacieuse pour le Green European Journal, les économistes Shahin Vallée et Daniel Segoin proposent de réfléchir à un nouveau “consensus de Bruxelles” pour repenser les relations économiques et commerciales à l’heure des rivalités stratégiques globales.
- Le récent rapport de Mario Draghi sur l’avenir de la compétitivité de l’UE illustre parfaitement les défis et les inquiétudes économiques de l’Europe.
- Face à la concurrence féroce des États-Unis et de la Chine et à un environnement commercial de plus en plus hostile, l’UE repense fondamentalement ses politiques économiques.
- Comment cela modifiera-t-il la lutte contre le changement climatique et le rôle de l’Europe dans ce domaine ?
- Sur la table depuis déjà plusieurs mois, les Etats membres ont adopté lors d’un vote décisif du Conseil, ce vendredi 4 octobre 2024, des tarifs douaniers supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois, en dépit de l’opposition de certains Etats – notamment l’Allemagne – et de la pression chinoise.
- Finalement, dix pays ont voté en faveur, cinq contre et douze se sont abstenus.
- Cette mesure proposée par la Commission européenne, en juin, introduit une surtaxe allant jusqu’à 35,3% venant s’ajouter à la taxe de 10% déjà en vigueur.
- Les Etats-Unis ont de leur côté augmenté leurs tarifs sur les véhicules électriques chinois dès mai 2024 de 27,5% à 102,5%, mettant la pression sans doute sur la décision de la Commission.
- Néanmoins, les deux cas sont très différents.
- Aux Etats-Unis, la décision est avant tout politique et performative, les véhicules chinois ne pesant que 2% du total des ventes d’automobiles.
- Ils représentent un quart des ventes sur le continent européen.
- Ce sujet a fait apparaître des positions très divergentes au sein des Etats membres selon les relations de chacun avec la Chine.
- Certains Etats craignent des mesures de rétorsion du géant asiatique en réponse aux tarifs douaniers.
- En effet, le gouvernement de Xi Jinping n’a pas tardé à répliquer en lançant plusieurs enquêtes antisubventions sur des produits communautaires comme le porc ou les produits laitiers.
- Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a par exemple engagé des négociations avec Pékin afin de trouver des solutions bénéfiques pour chacune des parties.
- En effet, l’Espagne est le principal exportateur de porcs vers la Chine.
- En plus du porc et des produits laitiers, les vins et les voitures à grosses cylindrées seraient aussi dans le viseur du gouvernement chinois.