Le 4 juillet 2024 on votait aussi au Royaume-Uni. Comme le rappellait avec humour John Oliver dans son talk-show satirique, c’était une élection aux enjeux de renouveau, après 14 ans de règne des Tories, un référendum pour sortir de l’UE, 4 ans de navigation à vue pour savoir ce que Brexit voulait bien dire, et une valse de Premier ministres dont la plus éphémère n’aura même pas eu la longévité d’une salade verte.
- Le parti travailliste de Keir Starmer a remporté une majorité absolue avec 411 sièges à la Chambre des Communs (sept de moins que la victoire écrasante de Tony Blair en 1997), une victoire qui ne doit rien au hasard selon The Guardian.
- Elle est permise avec seulement un tiers du vote populaire.
- Ceci est expliqué par le système électoral britannique (uninominal majoritaire à un tour, ou first-past-the-post) qui permet ainsi une représentation disproportionnée du vainqueur.
- Sir Keir Starmer est désormais Premier ministre non seulement parce que les Britanniques ont voté pour lui, mais aussi parce qu’ils ont rejeté Rishi Sunak et son gouvernement conservateur.
- Mais plusieurs sondages publiés lors de la campagne électorale montrent que c’était bien là un choix par défaut, Starmer étant notoirement impopulaire auprès des Britanniques.
- Une large partie ignore d’ailleurs quels principes il défend (57% des électeurs travaillistes interrogés reconnaissent n’en avoir qu’une vague idée).
- Le parti conservateur ne s’en sort pas à mauvais compte. Les Tories seront le pilier de l’opposition, avec 121 sièges à Westminster.
- Malgré des pertes de sièges importants, y compris de membres du Cabinet dans plusieurs circonscriptions, entre autres à cause de la dispersion des voix causées par le Reform UK de Nigel Farage lequel a en outre réussi à se faire élire.
- Le danger d’une OPA hostile sur des Tories déconfits par la nouvelle formation de droite radicale est donc écarté, après avoir alimenté les spéculations. Reform UK arrive quatrième au niveau national.
- La victoire du parti travailliste s’est en outre faite au détriment du parti nationaliste écossais (SNP), qui après des mois de scandales et de changements à sa tête a perdu la confiance des électeurs écossais :
- de 48 à 9 sièges, le parti devra travailler dur pour conserver sa part de députés à Holyrood lors de l’élection écossaise de 2026.
- La grande surprise de cette élection est en réalité le parti des libéraux-démocrates d’Ed Davey.
- Avec 12% des voix, 72 sièges et leur meilleur score depuis longtemps, les LibDems s’imposent comme un parti d’alternative aux électeurs britanniques trouvant K. Starmer trop socialement conservateur et ceux mécontents de son soutien à Israël.
- Autre fait intéressant, les LibDems sont le seul parti à haute visibilité au Royaume-Uni notoirement pro-UE et plaidant pour a minima une réintégration de la Grande-Bretagne dans le marché commun.