Elections obligent (cf. EIH 23/6/24), les grandes lignes politiques publiées par la Commission pour le nouveau mandat Von der Leyen 2024-2029 n’affichent pas la même teinte verte que le premier mandat. Cependant, les Verts font partie de la majorité qui la soutient. En échange, la dimension environnementale reste très présente, bien que de manière plus discrète, puisqu’il ne faut pas effaroucher les conservateurs du PPE qui avaient fait campagne contre le Green Deal (cf. EIH 29/5/23). On la retrouve donc dans chacun des principaux piliers mis en avant par la commission : la réindustrialisation, l’agriculture, le numérique et l’énergie. Avons-nous enfin compris que la question environnementale doit être au centre de toutes les préoccupations sans devenir un fardeau, ou met-on, une fois de plus, nos ambitions climatiques sous le tapis ?
- Le « Clean Industrial Deal », pilier vert des ambitions de compétitivité et de réindustrialisation de l’UE, constitue la priorité de l’agenda de la nouvelle Commission. Ce plan doit être mis en place dans les 100 premiers jours du mandat et s’articule autour des objectifs suivants :
- Faciliter et pérenniser l’accès des entreprises aux énergies renouvelables et aux matières premières durables, tout en en réduisant les coûts ;
- Investir dans les infrastructures et les technologies énergétiques propres :
- technologies à faible teneur en carbone ;
- infrastructure de réseau ;
- capacité de stockage et infrastructure de transport pour le CO2 ;
- numérisation du système énergétique et déploiement d’un réseau d’hydrogène.
- Adopter une loi visant à accélérer la décarbonisation industrielle pour soutenir les secteurs à forte consommation d’énergie dans leur transition verte.
- Le but de ces mesures est d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de carbone de 90 % d’ici 2040, conformément à la « Loi européenne sur le climat ».
- Selon la nouvelle Commission, la décarbonation doit également s’accompagner d’un effort particulier dédié à l’économie circulaire.
- Une nouvelle loi sur l’économie circulaire, visant à créer une demande pour les matériaux secondaires et un marché unique pour les déchets, notamment concernant les matières premières critiques sera proposée.
- Un nouveau paquet pour l’industrie chimique sera également défendu.
- Son objectif est de simplifier REACH et clarifier la réglementation sur les « substances éternelles » (PFAS).
- La Commission a également communiqué ses intentions concernant l’évolution du marché de l’énergie.
- L’idée est simple : la production d’énergies propres devient de moins en moins coûteuse, tandis que l’inflation a réduit le pouvoir d’achat des consommateurs.
- Il est donc crucial que ces derniers profitent de la baisse des coûts de production d’énergie propre.
- Pour y parvenir, la Commission continuera à réduire les prix de l’énergie en s’éloignant des combustibles fossiles. Cela aura également un impact positif sur le bilan carbone européen.
- En termes de mobilité, le travail à faire est encore immense. En effet, les transports étaient responsables de 31% des émissions carbonnes en Europe en 2021.
- Les voyages en train transfrontaliers doivent être simplifiés grâce à des systèmes de réservation ouverts permettant l’achat de trajets trans-européens, tout en conservant les droits au remboursement et aux voyages compensatoires.
- Une réglementation unique sur la réservation et la billetterie numérique sera ainsi proposée par la nouvelle commission pour offrir un billet unique sur une seule plateforme.
- Les e-carburants auront également un rôle majeur à jouer selon la Commission dans la réalisation de la neutralité climatique à horizon 2050.
- Enfin, le dernier pilier du “nouveau green deal” se concentrera sur la PAC et l’agriculture.
- L’idée est de garantir la sécurité alimentaire, la qualité des aliments, ainsi que le bien-être des sols et de nos agriculteurs qui font face à une compétition internationale déloyale.
- Dans les 100 premiers jours, une vision sera présentée pour concilier compétitivité et durabilité du secteur agricole.
- L’idée est là encore de récompenser les agriculteurs protégeant la biodiversité et travaillant avec la nature.
- U. Von Der Leyen a également pour intention de nommer un commissaire à la pêche et aux océans afin de veiller à ce que le secteur de l’économie bleue reste durable, compétitif et résilient.
- A cela s’ajoute la volonté répétée d’œuvrer pour la protection des forêts, des régions boisées, des zones humides et des prairies.
- Cela est d’autant plus difficile à réaliser selon la commission que dans l’avenir le changement climatique va s’intensifier et la hausse des températures va porter ses premiers effets destructeurs sur le continent, faisant émerger la question du stress hydrique et de la qualité de l’eau. Ainsi la commission entend mettre en place deux plans :
- Stratégie européenne pour la résilience de l’eau ;
- Plan européen d’adaptation au climat.
- Ce nouveau mandat vise également à préserver les acquis de la Commission « géopolitique » en maintenant l’influence internationale de l’Europe, notamment en matière de normes environnementales.
- L’Europe entend ainsi définir sa vision mondiale sur le climat et l’énergie avant la COP30, qui se tiendra au Brésil en 2025.
- La nouvelle Commission Von der Leyen ambitionne également de renforcer la diplomatie verte européenne et de renforcer l’engagement de l’Europe avec les Etats tiers de l’UE sur les aspects extérieurs des politiques européennes.