Il est de notoriété publique que Pékin dispose d’un tiroir métaphorique rempli de demandes antidumping prêtes à l’emploi si les circonstances politiques le justifient. Mais la Chine a-t-elle choisi la meilleure demande ? Certains observateurs affirment que cette stratégie est biaisée par trois facteurs, ce qui explique la réaction de la Commission, affirmant ne pas être préoccupée par les mesures chinoises.
- Alors que la Chine soigne son image de multilatéraliste dans une période où elle cherche à renforcer sa position à l’échelle mondiale, cette affaire antidumping mine la confiance des autres pays dans son attachement à ces principes.
- De plus, cette initiative n’aura probablement pas l’effet dissuasif escompté, car cibler des pays ayant une forte industrie porcine comme l’Espagne, les Pays-Bas et le Danemark ne suffira pas à influencer les décideurs de l’UE.
- En réalité, l’Allemagne et la France auraient été des cibles plus stratégiques, d’autant plus qu’elles possèdent les plus grandes industries de véhicules électriques, directement touchées par les mesures chinoises.
- Par ailleurs, certains Européens, comme les écologistes et les défenseurs du bien-être animal, pourraient même approuver les mesures chinoises, car elles auraient pour résultat de réduire la production porcine et ses impacts environnementaux.
- Ensuite, cibler un secteur totalement étranger au litige initial est étrange.
- La loi et la pratique de l’OMC prévoient des représailles sectorielles, et dévier de cette pratique est risqué.
- Cibler les denrées alimentaires de base dans un pays comme la Chine, où la sécurité alimentaire est cruciale, est une stratégie imprudente.
- Les dix dernières années ont montré l’importance de diversifier les sources alimentaires plutôt que de les restreindre.
- Cela constitue un mauvais précédent et une politique alimentaire insensée, car l’alimentation repose sur des contrats à long terme entre fournisseurs et acheteurs.
- Les négociants en porc en Espagne ont indiqué à Euractiv que l’impact potentiel des tarifs de représailles aurait été plus préoccupant il y a trois à quatre ans.
- « La Chine a déjà considérablement réduit ses niveaux d’importation (…) l’incidence potentielle [des tarifs] ne serait pas la même aujourd’hui », a expliqué Josep Llinas, président de l’association espagnole des négociants en porc ANCOPORC.