BAUDRUCHE 

Après une décennie de ralentissement, l’action européenne en faveur de son voisinage et de son élargissement a repris du poil de la bête avec a guerre d’agression russe en Ukraine. En effet, elle constitue un levier non négligeable en matière géopolitique même si certaines voix affirment que l’”Europe XXL que de nombreux politiques nationaux nous proposent, n’est qu’une chimère, et n’impressionnera ni Poutine, ni Trump, ni la Chine”. En effet, dans “L’Europe enfla si bien qu’elle creva », Sylvie Goulard met en garde contre un élargissement de l’UE pris trop à la légère. Cette mise en garde est probablement formulée de bonne foi mais elle ne doit pas nous amener à la conclusion qu’elle ne poursuit aucune stratégie. Il nous semble plus intéressant de se pencher sur la stratégie poursuivie. 

  • Lorsque O. Várhelyi, commissaire européen à l’Élargissement, annonce que les premiers versements du nouveau paquet de financement de l’UE pour les six pays des Balkans occidentaux candidats à l’adhésion à l’UE pourraient être effectués avant la fin de l’été, l’heure est à la méfiance. 
  • Les six Etats de la région — Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Monténégro, Macédoine du Nord et Serbie — sont à des stades différents de leur demande d’adhésion. 
  • L’aide financière est supposée servir à les inciter à s’engager dans de nouvelles réformes dans le cadre du processus d’adhésion à l’Union.  
  • La Cour des comptes européenne a conclu dans un rapport 2022 que l’aide de 700 millions d’euros accordée par l’UE à la région entre 2014 et 2020 n’a eu pratiquement aucun impact sur l’éradication de la corruption et la consolidation de l’État de droit. 
  • Notre étude concentrée sur le cas de la Serbie spécifiquement arrive à la même conclusion en ce qui concerne l’Etat de droit et la promotion du Green Deal. 
  • Pour rappel, le commissaire hongrois est un membre du Fidesz, parti qui se présente comme ami du Kremlin et du SNS à la tête de la Serbie. 
  • Il aurait donc tout intérêt à annoncer le versement de fonds à un régime ami qui n’est pas très attaché à une vision exigeante de l’Etat de droit. 
  • Chez un des derniers candidats, la Géorgie, les promoteurs de son intégration européenne sont vent debout face à la présentation – à nouveau – de la loi dite “des agents étrangers”. 
  • La question qui doit se poser est : cette loi, dans sa formulation actuelle risque-t-elle d’empêcher l’adhésion de la Géorgie à l’UE?  
  • Si oui, comment encadrer le contrôle des financements étrangers de façon qu’elle soit conforme à une vision exigeante de l’Etat de droit? 
  • Dans le Caucase toujours, l’Union renforce sa position à l’égard d’un -il y a encore récemment – allié de Moscou, l’Arménie. 
  • 3 d’entre eux sont maintenant candidats (Ukraine, Moldavie et Géorgie) 
  • 1 a suspendu sa participation (la Biélorussie) 
  • Quant à l’affichage avec l’Azerbaïdjan, il s’impose comme devant être prudent.