Selon toutes les projections actuelles, visibles dans l’agrégateur de sondages de Politico la victoire semble promise au PPE – ce que confirme une enquête récente Ipsos-Euronews de grande ampleur. Bien sûr, il y a toujours l’intrusion des événements, et le danger de la complaisance qui peuvent retourner des situations confortables. Comment oublier les victoires prises pour acquises de Lionel Jospin en France en 2002, de Hillary Clinton aux Etats-Unis en 2016 ou Armin Laschet en Allemagne en 2021.
- Cependant, si la majorité pro-européenne au Parlement européen pourrait se maintenir, la tectonique continue d’œuvrer.
- Les attaques de la famille libérale contre le PPE en particulier du Commissaire Thierry Breton, témoignent de l’inquiétude de voir le centre de gravité du PE glisser trop loin vers la droite.
- Les appels du pied de Manfred Weber (PPE) à la première ministre italienne soulignent la potentielle position centrale de celle-ci et de sa famille politique CRE.
- CRE récemment renforcé d’une composante française avec le ralliement de “Reconquête”.
- Cette adhésion vient compliquer un peu plus la possibilité d’un rapprochement entre la force dominante de l’extrême-droite au Parlement européen, le RN, et le CRE.
- Conservateurs réformistes européens, groupe où siègent les seuls partis de droite radicale parvenus au pouvoir en Europe : en Italie, Suède, Finlande ou Pologne.
- Le RN de Marine Le Pen le sait, c’est cette crédibilité gouvernementale qui permet aussi de peser dans le jeu politique européen.
- D’où la tentation pour le FIDESZ de V. Orban, isolé sur la scène européenne et courtisé par le groupe ID, de rejoindre plutôt les CRE.
- Un mouvement pour le moment hypothétique, car le FIDESZ n’a fait aucune demande officielle, mais préparé par certains signaux envoyés par les CRE,
- et annoncé par Orban lui-même dans une déclaration à la presse italienne.
- Si certains pourraient s’y opposer, comme l’ODS tchèque ou les Roumains, à cause de la proximité entre Budapest et Moscou, les Polonais du PiS semblent y voir un moyen de garder une certaine influence au sein du Conseil européen.
- La tension entre radicalité et aspirations au pouvoir reste cependant le principal discriminant entre les deux groupes de l’extrême droite européenne.
- Dans un entretien de fond, l’historien du nazisme Johann Chapoutot revient par ailleurs sur les origines et le sens de l’émergence de l’AfD, partenaire encombrant du RN dans le groupe ID (Identité et Démocratie).