Climat, sécurité, inégalités, démographie, services publics… Les défis de ce siècle sont immenses, urgents et se disputent le champ de nos priorités politiques. Pour l’UE et ses Etats membres, la question revient à chaque tour budgétaire : comment financer nos ambitions?
- En s’accordant en fin de semaine sur de nouvelles règles budgétaires, les Européens semblent avoir choisi la stabilité des finances publiques au détriment potentiel de leurs capacités d’investissements.
- Un choix dénoncé comme le retour de l’austérité par la gauche européenne.
- Les leçons des dernières années ont-elles été enfin apprises? Il semblerait que non.
- Depuis 2000, la zone euro accuse un retard de croissance de 17 % par rapport aux Etats-Unis.
- Cet appauvrissement dans un monde de plus en plus concurrentiel et hostile met en lumière les vulnérabilités structurelles.
- En 2023 par exemple, le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a progressé cinq fois plus vite que celui de la zone euro.
- Certes, la conjoncture est défavorable.
- La guerre en Ukraine et les engagements de l’UE l’ont obligée à se passer de gaz russe bon marché, aggravant une crise énergétique déjà amorcée auparavant.
- Mais même provoqués sous la contrainte des marchés, les choix de politique économique et de désinflation compétitive ont eu des effets procycliques délétères sur le dynamisme de la zone euro.
- Un phénomène expliqué simplement par la théorie économique, comme le rappelle le prix Nobel 1998, Amartya Sen.
- Clairement, les Etats membres de l’UE, et de la zone euro en particulier, se pensent encore comme autant de petites économies ouvertes en concurrence mutuelle, plutôt que comme une seule grande économie de taille mondiale…
- Une myopie politique aux lourdes conséquences économiques et géopolitiques.
Le décrochage de l’UE s’observe dans de nombreux domaines. Dans le secteur des énergies renouvelables par exemple, l’Europe est confrontée à un afflux de panneaux solaires chinois, une industrie sacrifiée par les choix stratégiques des années 2000, et une féroce concurrence chinoise.
- A la recherche d’une autre organisation de la chaine de valeur, les fabricants européens en difficulté ont demandé à l’UE de prendre des mesures d’urgence.
- En Allemagne, le secteur se réorganise, et la lecture des rapports de force mondiaux change.
- Le ministre-président du Land de Saxe, Michael Kretschmer, a accusé la politique protectionniste des États-Unis à l’égard de la Chine d’être à l’origine des difficultés auxquels les fabricants européens font face.
- Il avance également que la situation actuelle démontre la nécessité pour l’UE d’adopter une politique commerciale indépendante des Américains vis-à-vis de Pékin.
- Dans une lettre envoyée à la Commission européenne la semaine dernière, le Conseil européen de l’industrie solaire (ESMC) alerte :
- Entre 140 et 170 millions de panneaux solaires photovoltaïques importés sont stockés dans les ports ou les entrepôts européens.
- Les producteurs européens ne parviennent pas à vendre leurs propres panneaux.
- En novembre 2022, M. Kretschmer a déclaré qu’afin de sécuriser son approvisionnement énergétique, Berlin devrait « se tourner vers la Russie dès que cette guerre sera terminée ».
- Ceci a suscité de vives réactions dans la sphère politique.