A cinq mois des élections européennes, la poussée de la droite radicale et extrême est générale en Europe (cf. EIH 29/1/24 et ce dernier pointage par Euractiv). Parmi les animateurs de cette dynamique, l’extrême-droite allemande, émerge dans un paysage de plus en plus fragmenté, où la question migratoire domine les débats de façon inquiétante.
- Le parti d’extrême droite allemand AfD, de plus en plus populaire dans les sondages, est au cœur d’une d’un scandale politique.
- Le média d’investigation Correctiv a révélé mi-janvier qu’une réunion confidentielle de membres de l’AfD avait présenté en novembre un projet d’expulsion massive de personnes étrangères et même d’origine étrangère vers l’Afrique du Nord.
- Le projet d’expulsion a trouvé un écho particulièrement choquant au passé nazi.
- La ministre de l’Intérieur allemande a d’ailleurs comparé la réunion à la conférence de Wannsee, où les nazis avaient planifié en 1942 l’extermination des Juifs européens.
- Une mobilisation d’une rare ampleur (plus de 1,4 million de personnes) s’est organisée dans de nombreuses villes allemandes en réaction.
- Cette mobilisation apparaît comme ayant été à l’origine d’une défaite électorale en Thuringe dimanche dernier de l’AfD, pourtant largement favori.
- L’AfD reste cependant en 2ème position dans les intentions de vote (autour de 22%).
- Entré au Parlement en 2017, le parti a consolidé sa popularité ces derniers mois en raison du contexte économique difficile, du nouvel afflux de migrants dans le pays et de l’impopularité record de la coalition gouvernementale.
- Dans les territoires de l’ex-RDA, l’AfD est particulièrement populaire, se plaçant à plus de 30% des intentions de vote dans les sondages.
- Le parti, dont les thèses racistes, eurosceptiques et isolationnistes progressent, représente un risque pour la démocratie et pour l’économie allemandes.
- De plus en plus de voix s’élèvent pour demander la suppression des fonds publics à l’AfD, dont certaines branches régionales sont placées sous surveillance par les services des renseignements en raison de leurs positions jugées très radicales.
- Comme un écho aux radicalisations identitaires, un parti affilié au parti AKP du président turc Recep Tayyip Erdogan, annonce qu’il se présentera aux élections européennes en Allemagne.
- Créé en janvier 2024, le parti Dava affiche pour ambition de porter la voix des musulmans d’Europe.
- Il se considère comme « centriste », prône la mise en place d’une politique d’asile « pragmatique » et souhaite s’opposer à l’« islamophobie ».
- Il projette également d’ouvrir des antennes en Autriche et aux Pays-Bas, où résident d’importantes communautés turques.
- Le seuil électoral de 5% ne s’appliquant pas aux élections européennes, le parti Dava, comme d’autres nouveaux acteurs politiques en 2019, a des chances d’obtenir une place au Parlement européen.
- De nombreuses voix s’inquiètent d’éventuels liens du parti avec le pouvoir turc.
- L’élection de Dava pourrait accentuer l’ingérence étrangère et l’euroscepticisme au sein du Parlement européen.
- Les crispations autour de ce nouveau parti sont d’autant plus fortes que l’Allemagne compte une forte diaspora turque, représentant 1,6% de la population totale du pays et loin d’être opposée à l’AKP si l’on en croit les votes des dernières élections de 2023.