A l’heure du deuxième anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, l’issue de la guerre paraît plus incertaine que jamais. Néanmoins, la question de la reconstruction de l’Ukraine se pose déjà. Bien que l’UE sanctionne régulièrement la Russie, (cf. EIH 9/7/23) cette dernière ne semble pas affectée par ces sanctions, ce qui suscite régulièrement des questions sur leur efficacité. Tout au plus permettent-elles de ralentir le développement de nouvelles infrastructures minières russes, comme l’analysaient l’été dernier les chercheurs Hervé Baudu et Frédéric Lasserre (cf. aussi EIH 9/9/22).
- Le problème immédiat pour Kiev, souligné par de nombreux analystes, c’est que l’Ukraine ne peut espérer gagner cette guerre sans le soutien financier de ses alliés occidentaux.
- Ce soutien financier est de plus en plus difficile à obtenir.
- Le Congrès américain avait voté contre cette aide.
- En décembre 2023, le hongrois V. Orban avait utilisé son veto lors du Conseil européen de fin d’année.
- Un nouveau vote en faveur de l’octroi d’une aide commune européenne à l’Ukraine devrait être soumise au vote du Conseil prochainement.
- Malheureusement, l’optimisme des 27 pourrait se heurter à la fermeté du Premier ministre hongrois.
- Entre ses mains, il dispose d’un levier de chantage très efficace pour obtenir les fonds européens bloqués par ses partenaires pour non-respect de l’Etat de droit (cf. EIH 17/2/22)
- L’Ukraine peut toutefois toujours compter sur la tentative de l’Union d’affaiblir son assaillant.
- A pu être a voté un nouveau lot de sanctions, interdisant cette fois l’importation de diamants russes.
- V. Poutine a répondu que la Russie contournerait cette interdiction – comme les autres, en quelque sorte.
- Les effets ne pourront, de toute façon, être estimés qu’à la fin du conflit de haute intensité, au moment d’envisager les réparations de guerre.
- Pour une UE à nouveau engagée dans les politiques d’austérité, et des Etats-Unis bloqués par la campagne présidentielle et le spectre d’une victoire de D. Trump, l’argent de la reconstruction pourrait venir des avoirs russes, gelés dans les banques européennes et américaines depuis le début de la guerre.
- L’Allemagne envisage de saisir plus de 720 millions d’euros gelés.
- Cet argent appartient autant aux banques russes qu’aux individus et entités sanctionnés depuis le début de l’invasion russe.
- Face à cela, la Banque de Moscou a tenté de récupérer ces fonds, en vain.
- Les Etats-Unis pensent également à confisquer environ 300 milliards de dollars gelés.
- La question de la légalité de ces saisies se pose.
- Dans cette analyse, le think tank Bruegel recommande à l’UE d’utiliser plutôt les intérêts générés par ces actifs gelés, et précise que leur saisie serait une erreur.
- En effet, même légalisée, cette saisie mettrait directement en péril la stabilité du système financier international dont la confiance serait sérieusement entamée.
- Un point que contestent le prix Nobel J. Stiglitz et l’économiste A. Kosenko dans une tribune pour Project syndicate, défendant cette saisie.