Les crises dans le Caucase se succèdent et ne se ressemblent pas toujours. Le conflit gelé dans le Nagorno-Karabakh dure depuis maintenant 3 décennies mais s’est intensifié ces derniers mois. 10 mois de blocus du corridor de Latchine ne pouvait qu’amener à l’intensification des conflits dans cette République auto-proclamée indépendante, enclavée entre Arménie et Azerbaïdjan.
- Le 20 septembre 2023, l’armée d’Azerbaïdjan intervient au Nagorno-Karabakh.
- 24 heures plus tard, les séparatistes capitulent et signent un cessez-le-feu.
- Le temps est à présent à l’évacuation et l’exode des Arméniens dans la peur et le désarroi.
- Dans son éditorial, Pierre Haski explique que la raison principale de cette défaite de l’Arménie et des séparatistes arméniens du Nagorno-Karabakh est due au fait qu’ils se soient retrouvés sans alliés.
- Conséquence de la guerre en Ukraine sur l’ordre international : personne n’est en mesure de remettre en cause les ambitions de Bakou.
- La République d’Arménie était trop faible et militairement inférieure pour intervenir et a préféré sacrifier l’enclave pour éviter le risque d’une invasion.
- La Russie, pourtant jusque-là garante de Erevan, est trop occupée sur le front ukrainien. En outre, elle n’est plus sûre de vouloir prendre la défense d’un partenaire qui venait de “prendre ses distances”.
- L’Iran, qui soutient pourtant l’Arménie, n’est pas intervenu lors de cette attaque.
- Enfin la Turquie, alliée de l’Azerbaïdjan et adversaire historique de l’Arménie se réjouit de cette victoire.
- La Turquie et l’Azerbaïdjan prévoient de mettre en place un corridor, le long de la frontière entre l’Arménie et l’Iran, afin de relier la Turquie, l’enclave azérie du Nakhitchevan et l’Azerbaïdjan.
- L’UE a tenté de jouer les médiateurs lors de cette crise, sans succès. Les dirigeants européens sont d’ailleurs dans une situation inconfortable qui les condamne à l’impuissance.
- Pour compenser sa sortie du gaz russe, l’UE a passé des accords gaziers stratégiques avec l’Azerbaïdjan, mettant Bakou en position de force.
- Point que nous avons régulièrement soulevé ces trois dernières années.
- Cela explique aussi pourquoi pour l’instant l’UE n’a pas sanctionné l’Azerbaïdjan.
- Hors du giron russe mais loin encore de l’orbite européenne, l’Arménie se retrouve donc à la croisée des mondes.
- Les premières conséquences de cette défaite militaire commencent à apparaitre.
- Lors de la capitulation, les séparatistes arméniens ont accepté leur désarmement et ont déclaré que la république autoproclamée du Nagorno-Karabakh (Artsakh en arménien) n’existera plus à partir du 1e janvier 2024.
- La capitulation entrainera aussi la réintégration de l’enclave à l’Azerbaïdjan.
- Les Arméniens ont donc commencé à fuir en direction de la République d’Arménie.
- La question des suites se pose désormais. Selon le politiste Laurent Leylekian, on peut craindre pour le sort du Sud du territoire de la République d’Arménie.
- Au niveau de l’UE, Politico souligne la lutte d’influence que se livrent Arménie et Azerbaïdjan par voie de lobbyistes interposés.
- Une influence que l’on peut qualifier de directe grâce à l’action de personnalités de l’UE (eurodéputés ou officiels) en faveur de l’Azerbaïdjan.