Après y avoir déjà opposé son veto en décembre 2022, l’Autriche ne semble toujours pas disposée à lever son objection à l’élargissement à la Bulgarie et la Roumanie de l’espace Schengen de libre circulation. Soutenu sans réserve par le Parlement européen, défendu par la Commission européenne et dans un appel récent par la Présidente de la Commission, cet élargissement se heurte cependant aux doutes de certains pays des capacités de la Bulgarie et la Roumanie de “tenir la frontière extérieure” de l’UE.
- C’est particulièrement le cas de l’Autriche, dont le gouvernement conservateur (allié aux Verts) s’inquiète régulièrement des afflux de réfugiés illégaux passés par d’autres Etats de l’UE, le long de la route dite “des Balkans”.
- Bucarest a officiellement menacé Vienne de poursuites en cas d’obstruction prolongée.
- Par ailleurs, la Commission européenne a procédé à la levée formelle du “mécanisme de vérification de l’État de droit” pour les deux pays.
- Autrement dit, la Commission estime que Bucarest et Sofia ont accompli les réformes nécessaires pour garantir l’indépendance de leurs systèmes judiciaires et la robustesse de leurs États de droit dans la lutte contre la corruption.
- Les deux pays cessent d’être sous régime spécial mais restent évidemment soumis au rapport annuel de la Commission sur l’état de droit dans l’UE.
- Malheureusement, ce maintien de la position autrichienne, en plein retour de tensions autour des questions migratoires (voir plus bas et EIH précédentes) souligne la méfiance qui subsiste toujours à l’égard de ces anciennes autocraties communistes.
- On les appelle encore souvent “nouveaux membres”, alors qu’ils fêtent leurs 10, 17, et 19 ans d’adhésion à l’UE.
- Ceci en dit long sur la capacité de nombreux décideurs à se projeter.
- Toutefois, cette incapacité à mettre fin aux mauvaises habitudes n’est pas plus propre à l’Ouest qu’à l’Est.
- Le scandale qui agite en ce moment la Pologne, en pleine campagne électorale cruciale, apporte de l’eau au moulin des sceptiques.
- Malgré une position affichée de fermeté parfois xénophobe dans son opposition aux migrations, a fortiori extra-européennes, le gouvernement polonais se retrouve empêtré dans une affaire de corruption qualifiée de “plus grand scandale du 21e siècle” par une opposition prompte à récupérer l’affaire.
- Le vice-ministre des affaires étrangères aurait facilité l’obtention de visas polonais Schengen pour des ressortissants d’Asie centrale, du Golfe ou d’Inde en échange de dessous de table plus ou moins conséquents.
Le gouvernement autrichien et les opposants de tout poil à l’élargissement, voire à l’existence de l’espace Schengen de libre circulation pourront remercier leurs camarades nationalistes polonais de leur donner raison d’être méfiants.