La géopolitique n’est pas qu’une simple affaire de positionnement international. Des complications domestiques, surtout en période électorale, viennent toujours mettre à l’épreuve les alignements – c’est ce que les paysans polonais viennent de rappeler à V. Zelensky.
- Pour la Pologne, et six autres pays d’Europe centrale, la solidarité avec l’Ukraine trouve ses limites.
- On relèvera en particulier que, à l’automne, la Pologne et la Slovaquie, renouvellent leur parlements.
- Le gouvernement national-conservateur polonais est en pointe dans la fourniture d’armes et le soutien de la coalition occidentale derrière Kiev, au point de faire la leçon à ses partenaires.
- Il a cependant décidé unilatéralement d’interdire l’importation des produits agricoles ukrainiens.
- L’interdiction porte sur les importations de céréales, de sucre, de viande, de fruits et légumes, de lait, d’œufs pour ne citer que ces denrées alimentaires.
- La Hongrie, qui a suivi l’exemple, prévoit une interdiction portant sur les céréales, les oléagineux et d’autres produits agricoles.
- La Bulgarie, y procède plus discrètement : les pays de l’UE ne sont pas en mesure d’imposer des droits de douane sur les importations mais de nouveaux contrôles sanitaires constituent un type de contournement.
- La politique commerciale relève de la compétence de l’Union, ces mesures nationales n’ont pas été coordonnées avec les institutions européennes.
- Il a cependant décidé unilatéralement d’interdire l’importation des produits agricoles ukrainiens.
- Malgré une aide exceptionnelle de la Commission européenne de 56 millions d’euros, l’objectif de ces gouvernements nationaux est d’abord politique.
- Ils annoncent ainsi une protection des agriculteurs, déstabilisés par la réorientation des abondantes productions agricoles en provenance d’Ukraine.
- La crise céréalière en Pologne a déjà contraint le ministre de l’Agriculture à démissionner.
- Son successeur en appelle à la solidarité européenne, et la commission envisage une nouvelle aide exceptionnelle, qui ne va pas sans difficultés.
- En particulier en Pologne, les agriculteurs et le monde rural constituent un des principaux soutiens du gouvernement actuel.
- Ils ont clairement assuré la victoire du PiS en 2019.
- Cette décision unilatérale ne passe pas très bien chez les partenaires européens.
- Notamment ceux qui sont directement touchés par l’interdiction, comme l’Espagne et les Pays-Bas principaux destinataires des céréales ukrainiennes pour leur bétail.
- Au Parlement européen, la discussion a même pris un tour très polémique.
- Le groupe PPE (centre-droit) suggère que ces mesures unilatérales bénéficient à la Russie.
- Dans une tribune publiée sur le site du groupe, la vice-présidente du PPE, la lettone Sandra Kalniete insiste sur les mécanismes européens et la solidarité avec Kiev.
- Au PPE se trouvent les représentants de la PO de l’ancien Premier ministre et ancien Président du Conseil, Donald Tusk.